jeudi, avril 12, 2007

L'album de Frank et le Cosmos

Ceux qui aiment les descriptions courtes n'aimeront pas celle que je ferai de l'album de Frank et le Comos, car à l'image de ce dernier, qui a pris plusieurs années avant d'être pleinement satisfait du résultat, j'ai envie de prendre mon temps, au risque de perdre quelques lecteurs.

Pour ceux qui habitent en dehors du Saguenay Lac St-Jean, le nom de Frank et le Cosmos vous est probablement inconnu. Dans sa région natale, ça fait un bon bout de temps qu'on l'écoute, qu'on le regarde et qu'on le surveille du coin des yeux...

Frank, c'est François Harvey, l'auteur compositeur interprète, mixeur, arrangeur et producteur de ce projet. Celui qui a réussi, au fil des dernières années, à réunir une brochette de jeunes musiciens talentueux (le Cosmos) autour du plus important projet de sa jeune carrière: L'Appendice des Corps Célestes, son véritable premier album.

En tout, c'est près de 20 musiciens que Frank a rassemblé autour de son idée. Des musiciens qui, pour la plupart, ont prêté et / ou donné temps et énergie pour faire vivre ses chansons. Le simple fait de voir autant de talent à la disposition d'un jeune artiste prouve qu'il y avait là matière à créer un produit de qualité, et ce fut heureusement le cas.

Parmi les musiciens qui ont contribué à l'album, notons la présence d'Hugo Maltais, membre des Traces de Break, à la guitare, au mini-korg et à la mandoline. C'est Sabin Fleury, qui possède aussi son projet solo, qui s'est chargé de la basse, avec Sébastien Maltais (créateur de la Ligue d'Improvisation Musicale du Saguenay dans laquelle participent justement plusieurs membres du Cosmos). Le rythme est battu par Mathieu Tremblay, Dany Lemay et Dominic Roy. Pascal Beaulieu, l'homme aux multiples projets (Boca, Patates Impossibles, Pas Mal Tard, etc.) ajoute présence et profondeur aux chansons de Frank grâce à son clavier et à son syhthé. À tous ces musiciens se sont greffés des cordes (violon, contrebasse, violoncelle, sitar), des cuivres (clarinette, trompette, trombone), des percussions et des voix. Frank, de son côté, s'est chargé, du chant, du piano, des guitares, du banjo, du clavier, de l'harmonica et de l'accordéon. La table était donc mise pour que Frank puisse faire vivre les chansons qu'il murissait depuis belle lurette.

Il s'avère relativement difficile de décrire l'univers de Frank, mais je me permettrai de l'introduire ainsi:

Si sa musique n'est pas accessible pour le commun des mortels habitué à gober les chansons préfabriquées qui passent à la radio, elle l'est pour l'auditeur averti et pour le mélomane intéressé par la nouveauté, la langue française, la profondeur et l'originalité. Autrement dit, certaines chansons de Frank et le Cosmos pourraient se frayer un chemin dans les radios commerciales au même titre que Karkwa, Pierre Lapointe, Daniel Bélanger et Fred Fortin l'ont fait, mais encore faut-il que les radios osent, comme c'est le cas avec les radios communuautaires, universitaires ou d'état...

Voici donc un petit portrait des chansons qui meublent l'Appendice des Corps Célestes.

Le Berceau du Chagrin:
L'album s'ouvre sur des notes de piano douces qui s'envolent avant de laisser place à la voix de Frank bercée par un rythme chaud légèrement techno. C'est une entrée toute en douceur qui introduit très bien l'aspect athmosphérique de l'album et qui annonce quelque peu les couleurs de ce dernier: une poésie où les images priment, des arrangements riches, un combat entre la simplicité et l'originalité.

Quand On Sort de Chez Nous:
Une chanson aérienne remplie de cuivres et de montées pesantes savamment orchestrées sur laquelle Frank nous présente sa voix telle qu'elle est: fragile, assumée et sensible. "Que c'est beau la couleur quand on sort de chez nous".

Insectes de la Terre
Troisième chanson; troisième univers, cette fois rempli de guitares, d'espaces plannants et d'une poésie tournant autour de l'évasion, de la douleur et de l'espoir. Si le squelette de la chanson est lent, la fin en est tout autrement grâce à ses percussions et à ses voix qui rappellent un jam d'Harmonium ou de Santana.

À Voir des Mirages
Un hit radiophonique possible et une candidate potentielle à la "chanson de l'été". Plus concise et "classique" au sens structurel du terme, cette chanson possède des images très habilement décrites (C'est à voir des mirages chair de poule en été, c'est se croire sur une plage quand on est dans le fossé). De son côté, la musique évolue en débutant par une guitare sèche qui fait du pouce pour prendre une mandoline et un violon sur son passage donnant droit à une finale parfaite rappelant celles de Cali sur son premier album (envolée de violon).

Les Clotures
Après une petite interlude très à propos, Frank et le Comos nous garroche en plein dans le ventre de son album en nous faisant voyager sur des airs orientaux orchestrés originalement par Uwe Neumann, un réputé joueur de sitar. Le rythme est tribal, la voix se fait envoûtante et certaines textures musicales chatouillent le pinch de Georges Harrisson. Au moment où l'on s'y attend le moins, le ton change et le violon vient semer la tempête dans un élan de folie distorsionnée où l'on n'arrive plus à discerner clairement les instruments. Un de mes coups de coeur de l'album. Une pièce comme il s'en fait peu au Québec de nos jours. Si c'est à partir de cette chanson que certains trouveront l'univers de Frank difficile, je crois que c'est justement dans ce milieu de disque que l'oeuvre gagne en profondeur.

Je Ne Sais Plus Comment:
Le voyage tribal se poursuit en pleine jungle ou sur un terrain de mines entrepris par des esclaves en rogne lorsque, voix et percussions suffisent, Frank et son Cosmos nous offre une blues primitif téméraire qui ajoute encore beaucoup de profondeur à l'univers cohérent de Frank. Une chanson qui pourrait avoir beaucoup d'impact en show.

Envoye
Le ton s'adoucit, la voix redevient plus douce, un peu plus haute, la tempête est passée et la guitare reprend le lead sur cette pièce où nostalgie (bruits d'enfants qui jouent) et simplicité se marient subtilement à un rythme qui rebondit et un harmonica qui se dissimule à merveille dans le tableau.

Sans Souci
On s'attend, dès les premières notes, à ce que la guitare s'envole lors de cette excellente composition, et c'est ce qui arrive. Dès la deuxième minute, Hugo Maltais, dans une envolée digne de Pink Floyd, accompagné d'un clavier statique, nous fait planer plus de deux minutes au cours d'un solo progressif et légèrement psychédélique qui n'a absolument rien à envier à David Gilmour ou à King Crimson. La chanson s'estompe en laissant la place à un piano presque religieux et le tension disparaît.

Désolé Pour Hier
Un autre hit potentiel? Possible, car c'est "punché" et composé de couplets doux et de refrains qui éclatent. À noter le son subtil de la basse et les arrangements vocaux prudents qui prennent une place importante lors du refrain de la fin.

Le Vieux Continent
Accordéon, guitares classiques, poème récité et violoncelle suffisent à cette petite chanson qui sert de dénouement à l'album. Si on a souvent eu l'impression de voler en écoutant ce disque, le Vieux Continent nous donne davantage l'impression d'être à bord d'un radeau perdu sur l'océan.

L'Éclaircie
On ne pourra pas reprocher à Frank de ne pas oser. Le preuve en est qu'il a décidé de clore son album avec le chant d'opéra de sa soeur qui tourne autour de son piano comme une sirène (dans le sens de poisson ou de vraie sirène). Finale risquée? Oui, mais finale réussie, car lorsque la dernière note du disque résonne, on a juste envie de l'écouter à nouveau.

Chaque chanson étant une raison, je crois que Frank et le Cosmos vient de produire un disque important. S'il disparaît sans être reconnu, c'est que l'industrie est difficile à percer ou parce que, justement, elle l'est trop pour certains, car on tient ici un artiste qui a des idées, qui sait s'entourer et qui propose quelque chose de nouveau sans être désabusé ou cynique: du rock avec de la guitare et avec des arrangements pertinents et téméraires dignes de l'exploration des années 70.

Autre point à considérer: malgré le fait que c'est album a été produit de façon artisanale, il sonne beaucoup mieux que bien des albums professionnels réalisés à la presse dans des studios coûteux. Un gros bravo à Germain Bourgeois et à François pour ce son et cette texture musicale.

Il reste à voir ce que sa musique prendra comma dimension sur scène. En attendant, procurez-vous l'Appendice des Corps Célestes et visitez l'espace de Frank et le Cosmos pour connaître les détails des shows à venir.

jeudi, mars 29, 2007

DÉCOUVERTES MUSICALES

Certains avaient hâte que je reprenne l'écriture de ce petit blog sans prétention. Je n'ai pas cessé d'écouter de la musique, mais disons que l'arrivée de Charlie a quelque peu changé mon horaire du temps. Mais voilà, j'ai le temps de partager avec vous mes récentes découvertes.
Lors d'une escapade à Québec cette semaine, j'en ai profité pour mettre la main sur quelques albums.

Dans un premier temps, je me suis précipité sur le dernier Modest Mouse. Ceux qui ont aimé Bad New For People Who Loves Good News et le "single" Float On aimeront probablement ce nouvel opus. Encore une fois, les "Souris Modestes" offrent un rock punché, dansant, énergique et juste assez surprenant pour être à part des autres artistes voguant sur la même scène. La première chanson de l'album fixe la barre très haute. Vient ensuite Dashboard et son refrain disco qui envahira sûrement les ondes de quelques radios sans toutefois être la meilleure chanson de l'album (mais le vidéo est excellent). La présence de Johnny Marr (The Smiths) se fait discrète. Il a peut-être apporté une touche légèrement plus "pop intello" au son initial du groupe qui, sur cet album, semble avoir emprunté quelques petites sonorités irlandaises loin d'être déplaisantes. La pièce Spitting Venom, qui dure plus de 8 minutes, dévoile une excellente montée. Pour l'instant, après environ 5 écoutes, ma chanson préférée s'avère être la dernière; comme quoi l'album ne s'essouffle pas, au contraire, comme une nonne, plus on y pénètre, plus il dévoile sa profondeur!

Dans un même ordre d'idée, mais dans une veine un peu plus expérimentale, j'ai été agréablement surpris par l'album de Menomena intitulé Friend and Foe. Les amants de Tv On The Radio (ambiance générale et voix), de Modest Mouse, de Wolf Parade et peut-être même de Radiohead et/ou The Flaming Lips devraient apprécier l'univers distordu de ce trio américain. Leur musique a quelque chose de solonnel, de dramatique et de sensuel et la pochette de l'album, qui est d'une rare beauté, nous démontre à quel point ce groupe semble penser au moindre détail lorsque vient le temps de coucher des pièces sur un album (un peu comme Tool). Leur univers n'est pas toujours facile d'accès, mais ce dernier se laisse facilement apprivoiser lorsqu'on décide d'y accorder l'attention qu'il mérite. Après 3 écoutes, si vous êtes comme moi, vous serez conquis...

Mon côté léger ado attardé est également tombé sous le charme d'un autre trio, écossais cette fois-ci, du nom de The Fratellis. L'album Costello Music, qui contient la chanson Chelsea Dagger, est le compagnon idéal pour toute personne qui veut faire de la route de façon éveillée et enjouée sans se casser la tête. Appuyé sur des riffs "garage" aux accents punks et parfois même ska, les mélodies contagieuses des frères Fratelli charment sur le coup, mais attention, tout ce qui se mange aussi facilement peut tomber sur le coeur si on en mange trop. C'est pourquoi il est préférable d'écouter cet album avec retenue... Les amants de The Strokes, The Libertines, Ska-P, Violent Femmes, The Pogues et peut-être même de Green Day risquent d'être charmés par le côté facile et efficace de ce groupe manifestement doué pour le sens du "hit"... Un album d'été à sortir lors d'un party piscine-volley-ball-hot-dogs-bières-rock'n'roll...

Malheureusement, je n'ai pas fait que d'agréables découvertes. À ma grande déception, le dernier album de Paul Cargnello, pour l'instant, me tape vraiment sur le gros nerf. Je dois avouer que, en partant, je ne suis pas un grand fan, mais les collaborations d'Ève Cournoyer, de Fred Fortin, de Vincent Vallières, de Tomas Jensen (à prononcer Tomates Jensen), de Jim Corcoran et de Marco Caliari m'intriguaient et me portaient à croire que j'allais aimer ça. Sur ce disque entièrement franchophone, Paul Cargnello s'est bien entouré, mais de façon très peu efficace. Par exemple, Fred Fortin a prêté sa voix à une composition de Cargnello, mais on l'entend à peine. C'est un peu la même chose avec Vallières et Corcoran, comme s'il voulait absolument mettre sa propre voix de l'avant, alors que cette dernière, en français particulièrement, est très ordinaire. Musicalement, c'est chaud, ensoleillé, un peu folk/beat (The Clash), mais beaucoup trop répétitif. J'apprécie l'effort de chanter en français, mais force est d'admettre que Cargnello est plus habile dans sa langue maternelle, car en français, il paraît parfois moralisateur et cabotin! On dirait Christopher Hall avec une guitare! Dommage!

Finalement, mon prochain blog sera réservé à l'album de Frank et le Cosmos qui, d'ores et déjà, figurera en bonne position dans mon top franco de l'année en cours. À suivre!

L'adverbe LITTÉRALEMENT me fait presque littéralement chier.

Je suis écoeuré d'entendre et de lire l'expression "littéralement" à chaque deux secondes.

L'adverbe littéralement veut dire qu'il faut le prendre au pied de la lettre, tel qu'il est et non au sens figuré.

Par exemple, on peut dire qu'un avion a littéralement écrasé une maison si c'est le cas. L'adverbe littéralement ne fait que prouver que c'est vraiment arrivé. Le café me fait littéralement chier.

Bizarrement, les gens l'utilisent quand ce n'est pas le cas.
Par exemple: ses parents étaient tellement heureux qu'ils ont littéralement explosé de joie. Il faudrait comprendre que ses parents ont véritablement explosé.

Autres exemples:
- Son jeu de guitare m'a littéralement coupé les jambes.
- La dernière élection a littéralement provoqué une secousse sismique dans la province.
- Le pape a littéralement touché tout le monde avec son dernier discours.
- La salle débordait littéralement de monde.- Mon chien a littéralement pété une coche!!!
- Ma mère a littéralement perdu la tête.
- Elle m'a littéralement mangé des yeux.
- Il a littéralement pris ses jambes à son cou.
- Jules a littéralement éclaté en sanglots

samedi, janvier 20, 2007

Broyer du Noir...


Artiste: Jim Noir

Titre de l'album: Tower of Love

Le nom du chanteur m'intriguait. Au départ, en raison du "Noir", je croyais qu'il sagissait d'un Français, mais après avoir fait quelques recherches, j'ai réalisé que ce n'était pas le cas.

Comme plusieurs, je suis passé par dessus ce disque en 2006 et, aujourd'hui je me demande qu'est-ce qui fait en sorte qu'un artiste tel que Jim Noir soit inconnu alors que d'autres, qui à mon avis font de la musique moins intéressante, sont archi populaires.

Avoir découvert cet album à sa sortie, il aurait figuré dans mon top anglo de l'année. Écouter Jim Noir, c'est léger, facile et agréable. Pourtant, derrières des orchestrations à première vue simples et déjà entendues se cache un réel travail d'arrangement et un talent de compositeur évident.

Dès les premières notes, c'est certain, on pense à Brian Wilson. Questions ressemblances, pour ceux qui aiment avoir une petite idée, on peut également ranger tout près de Beta Band, Belle and Sebastian et tous ces groupes qui allient l'esprit acousitique des années 60 aux sonorités actuelles. En poussant un peu plus loin, on peut saisir plus en profondeur ce qui le démarque tout de même de ses confrères. Sa musique est libre, recherchée et mélodique (parfois un peu à la manière de Baccharach).

Changement de registre...

Pour les amateurs de musique du monde typiquement brésilienne (pas de granol festif à la Tryo), c'est-à-dire de musique un peu plus "tribale" et un peu plus "sexy", je vous conseille de jeter une oreille attentive à ces deux albums:

1. Beat the Donkey de Cyro Baptista.
Cyro Baptista est connu et reconnu pour ses collaborations avec John Zorn, Medeski Martin Wood, Paul Simon, Herbie Hancock, Brian Eno, etc. Percussionniste et arrangeur de grand talent, il s'éclate d'agérable façon sur ce disque où foissonnent des percussions endiablées, de guitares funk et des mélodies saccadées complètement épilleptiques. En écoutant ce disque, on a l'impression d'être dans un grand cirque sur le bord d'une plage au Brésil.

2. Palo Congo de Sabu Martinez
Beaucoup plus vieux, ce disque, qui met également en valeur des percussionnistes (probablement afro-cubains) a vu le jour au cours des années 50, mais demeure encore aujourd'hui très actuel et très entraînant. Je ne connais pas bien la musique brésilienne que je sais fort riche, mais j'ose croire que cet album reflète bien la musique traditionnelle des gens de ce pays. C'est du jazz tribal entouré de choeurs, de percussions et de guitares rappelant Marc Ribot. À l'écoute de ce disque, on s'imagine encore près d'un plage, mais autour d'un feu autour duquel des familles entières dansent et chantent.

Ça me donne le goût d'aller faire un tour à Sao Paulo... Pour ceux qui veulent danser et s'éclater, ces deux albums de musique du monde éclipsent toutes les compilations ridicules qui envahissent les Clubs Merde.

vendredi, janvier 05, 2007

L'art et le danger de magasiner des disques...

Je déteste magasiner, mais je suis de ceux qui aiment encore Noël. Ne demeurant pas à deux coins de rue de ma famille, le temps des fêtes représente l'occasion idéale pour moi de faire le tour de la grande famille au Saguenay. J'en profite également pour voir des vieux amis ainsi que pour relaxer et manger comme un porc. Si le temps des fêtes durait un mois de plus, je finirais par avoir une aussi grosse face que le chanteur de Keane, ce qui n'est pas peu dire...

Cette année, grâce à la magie d'Internet, j'ai réussi à régler la majorité de mes cadeaux via le web, ce qui m'a évité bien des malaises, car lorsque j'entre dans un magasin, que ce soit de vêtements, de cosmétiques ou un magasin à rayons, je me sens tout crohe, j'ai soif, je sue et j'ai comme un espèce d'envie de chier qui me rappelle à quel point je serais bien chez moi. Ce n'est pas compliqué, lorsque je me ramasse dans un centre d'achats plein à craquer, je me sens comme Soeur Angèle dans un sketch des Jackass...

Par contre, ce que je réalise de plus en plus, c'est que ces sensations de malaise via le magasinage disparaissent lorsqu'il s'agit de magasiner pour des disques. Je dirais même que c'est l'effet inverse qui se produit: je relaxe, je me détends, je respire et je ne vois pas le temps passer. Pourquoi? Parce que je me sens dans mon élément. Ayant travaillé pendant deux années dans un HMV, je reconnais les pochettes, j'ai une idée des prix et de la valeur des choses, j'espère dénicher l'album ultime et j'apprends. J'imagine que c'est la même chose pour tout le monde. La petite blonde à la mode aime flâner chez Jacob, car elle s'y connaît. Même chose pour l'homme au pinch qui se tient au Canadian Tire ou pour la grosse madame aux collants turquoises qui fait son épicerie chez Costco ou Wal-Mart. J'ignore toutefois si toutes ces personnes, comme moi, deviennent légèrement "zombie" lorsqu'elles se retrouvent dans LEURS boutiques. En ce qui me concerne, c'est presque rendu dangereux. Je deviens tellement absorbé par mes fouilles musicales que ça en est dangereux... Laissez-moi vous raconter deux petits anecdotes en lien avec cette constatation.

Il y a environ un an, sinon plus, je suis allé faire un tour à Montréal pour, comme toujours, voir des shows, prendre un bain de ville, stresser dans la métro, boire de la bière, essayer quelques restos, passer du temps avec mon pote Pierre-Yves et faire le plein de disques. Mon ami en question connaît assez bien mes goûts et mon faible sens de l'orientation pour m'avoir tapé une belle petite "trail" facile à suivre lorsque je veux me promener à Montréal. C'est simple, pour moi la Métropole se réume pratiquement à la rue Mont-Royal. À chaque fois que je mets les pieds à Montréal, je vais faire mon tour sur Mont-Royal.

Je passe au moins tout un après-midi à magasiner des disques chez Archambeault, à l'Oblique, à l'Échange et dans d'autres petits commerces semblables. Par un bel après-midi ensoleillé, j'avais entrepris de pousser plus loin ma quête de nouvelle musique. J'avais donc monté un peu plus haut sur Mont-Royal pour me retrouver chez un disquaire qui semblait spécialisé dans les vinyls. J'entre dans la boutique. C'est assez tranquille. Comme toujours, je n'ai aucune idée de ce qui joue dans le magasin. Le propriétaire ne me salue pas, il est trop occupé à nous montrer à quel point il est blasé. Tel Rain Man face à une boîte de cure-dents, je pars en transe...

La routine est simple: je fais un premier balayage visuel pour avoir une vue d'ensemble du magasin. Par la suite, je cherche la section "Rock" et la lettre "A". Ça y est, j'ai trouvé. C'est parti. Un après un, je scanne les vinyls qui passe entre mes doigts en cadence. Lorsque je termine un bloc de vinyl, je me tasse d'un pied vers la gauche et je continue, machinalement, doucement, sans aucun stress, dans ma bulle!

C'est une fois arrivé devant la dernière section de la rangée, vis-à-vis la lettre "F", que la sensation la plus bizarre que j'ai ressentie de ma vie a parcouru ma colonne, mes pieds et mon coprs en entier. Sans comprendre pourquoi, tout d'un coup, je tombais. Sous mes pieds, il n'y avait plus de plancher et la clarté du jour avait disparu au profit d'une noirceur opaque et humide. La chute a probablement duré 0.05 seconde, mais je me souviens très bien avoir eu le temps de me dire ceci:
"Euh! Je suis en train de tomber là. Mais où? Pourquoi?".

C'est lorsque mes talons ont touché le sol que j'ai réalisé que je ne rêvais pas; j'avais bel et bien tombé. La chute fut double. Dans un premier temps, je suis tombé en position "debout", jusqu'à ce que je touche le sol. Par la suite, étant donné le choc, j'ai perdu l'équillible me suis retrouvé à plat ventre, les bras remplis de sacs et la face dans du brin de scie. Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai vu le disquaire anglophone blasé qui tenait un fusible dans sa main droite. Il me regardait avec la même compassion que Virginie lorsqu'elle reçoit un de ses anciens élèves chez elle en plein dimanche après-midi. Il m'a aidé à me relever et à enlever la poussière qui avait recouvert mes vêtements.

- Es-tu OK?, me demanda-t-il avec son bel accent ontarien.
- J'sais pas encore, lui répondis-je.

Apparamment, je l'étais. J'avais quelques bleus aux jambes et les bras égratignés, mais j'étais en vie. C'est alors que je compris ce qui m'était arrivé.

Notre ami le propriétaire, dans toute sa grande splendeur, avait décidé de changer un fusible au sous-sol. Pour y avoir accès, il avait dû déplacer le gros divan vert qui cachait la grande trappe sur le plancher. Il avait donc enlevé la trappe avant d'emprunter l'escalier abrupt (auquel je n'ai pas touché soit dit en passant, je n'ai pas déboulé, je suis tombé) qui rejoignait le sous-sol. Pour lui, c'était évident que j'avais remarqué tous ces changements. Il ignorait que j'étais en transe. C'est pourquoi, lorsque je me suis déplacé d'un pied vers la gauche, je n'ai pas vu l'énorme trou noir qui avait pris la place du gros divan vert.

Je suis donc remonté de la cave lentement. Une fois la lumière du jour retrouvée, j'avais l'impression d'arriver dans un "surprise party". Les quelques clients qui avaient assisté à ma chute applaudissaient de me savoir toujours vivant. Quelque peu gênant comme expérience. Pas besoin de vous dire que je suis parti sur le champ et que le tenancier blasé de la boutique était mal dans sa peau. J'aurais au moins espéré qu'il me donne un disque...

Hier, dans un même ordre d'idée mais de façon moins spectaculaire, j'ai encore été témoin de ma non-consciences des choses qui m'entourent lorsque je suis allé faire le plein de disques à Québec. Après avoir passé 2 heures chez CD Mélomane, je suis passé chez Musique du Faubourg pour échanger quelques disques que je n'écoutais plus. Pendant que je regardais les chansons qui figuraient sur un disque d'Andrew Bird, j'ai remarqué une tache visqueuse apparaître sur le boitier. Mon cerveau était tellement à "Off" qu'il avait oublié de renifler...

Toujours est-il que (expression de ma grand-mère) j'ai réussi à mettre la main sur des albums que je voulais depuis quelques temps: Donovan, Otis Redding, Charlotte Gainsbourg, Andrew Bird (je n'avais plus le choix de le prendre...), Eric Clapton (chante Robert Johnson), Gang of Four (qui remet en cause l'originalité des Raptures), Grand Corps Malade, A Hawk and a Hawcksaw, Brigitte Fontaine, Beirut, Joni Mitchell, Crosby Still Nash and Young, Sam Cooke et Jimi Hendrix, Jcques Brel, Steely Dan (bof!), Frank Zappa (Hot Rats), Marty Robbins (un genre d'Elvis-Cash), RBO (en vinyl avec le gratteux), Brassens et sa guitare, Sly and the Family Stone, David Bowie (son album de reprises), et

jeudi, décembre 21, 2006

PALMARÈS 2006

L'année 2006 tire bel et bien à sa fin. Comme à chaque année, quand je regarde tout ce qui s'est fait en 12 mois, je n'ai pas le choix de me rendre à l'évidence: encore une fois, ce fut une très bonne année sur le plan musical.

En partant du principe que j'écoute pas mal de tout, il s'avère souvent difficile de faire un palmarès musical couvrant toute une année.
Comme à chaque changement de calendrier, je relis mes palmarès des années précédentes pour me rendre compte que certains disques vieillissent bien tandis que d'autres ne font même plus partie de ma collection. Ça, c'est sans ajouter tous les disques que je m'achète en retard. Pour vous donner une idée, je suis en train de découvrir Hendrix, Alice Cooper, Gainsbourg et Roxy Music.

Musicalement, pour moi, l'année 2006 en fut une de folk et de retours en arrière. Plusieurs disques m'ont échappé, mais je compte bien les acheter sous peu (Brigitte Fontaine entre autres).

C'est donc sans aucune prétention que je vous présente mon palmarès musical de l'année 2006 en espérant recevoir vos commentaires ou vos propres choix.

PALMARÈS ANGLOPHONE:
1. Tom Waits (Ophrans): je n'ai pas le choix. Trois disques de Tom Waits, c'est assez pour combler mon année, surtout que ces trois disques contiennent plusieurs inédits de qualités et plusieurs pièces plus difficiles à trouver tout en étant excellentes.

2. The Gnarls Barkley (St-Elsewhere): cette formation, ou plutôt ce disque, m'a frappé en pleine gueule cet été. C'est de la pop pure et dure mais c'est bien fait et contagieux. Qu'on aime ou pas, ça marque.

3. Bruce Springsteen (We shall overcome): j'aurais probablement ridiculisé celui ou celle qui aurait prédit qu'un jour le Boss ferait partie de mon palmarès, mais cet album est magistral. J'ai été secoué par l'intensité et la sobriété du repiquage traditionnel qu'il a fait.

4. Mark Lanagan et Isobel Campbell (Ballad of Broken Seas): la réunion de Mr Lanagan et de la chanteuse de Belle and Sabastien m'a complètement chaviré. La reprise de Hank William (Ramblin Man) et la ballade Come Walk With Me me suivront encore longtemps.

5. Ramblin' Jack Elliott (I stand Alone): j'ai découvert de vieux cowboy cette année. Entre Johnny Cash et Bob Dylan, son folk aux accents country m'a immédiatement séduit. Un essentiel de l'année 2006. (lire un de mes anciens blogs pour en savoir plus)

6. Peeping Tom (Peeping Tom): Monsieur Patton a encore une fois gagner son pari. Cette fois, ce n'est pas en présentant une musique extrémiste, mais une pop assumée que la plupart de ses fans devaient savoir enfoui au plus profond de lui depuis longtemps. (lire un de mes anciens blogs pour en savoir plus)

7. Thom Yorke (The Ereaser): je suis fan de Radiohead depuis longtemps et j'avais hâte de savoir quelle était la contribution personnelle de mini-Thom dans ce grand groupe. Et bien voilà, on comprend tout. La pièce Harrowdown Hill est magnifique.

8. The Rapture (Pieces of the People we Love): je ne danse pas, mais si j'avais à le faire, je crois que ce serait sur ce disque. Dans la lignée des Franz Ferdinand et compagnie, The Rapture me semble quelque peu sous-estimée. Leur musique est très facile, mais très efficace. Ça me fait penser à Dead Or Alive, à Franz Ferdinand et à Be Agressive de Faith No More.

9. Tv On the Radio (Return of Cookie Mountain): leur premier opus a éveillé quelque chose en moi il y a deux ans. Ce dernier a officialisé ce que je pensais d'eux: c'est une des meilleures nouvelles formations à qui on attribue l'étiquette "alternative". La pièce Wolf Like Me a elle seule mérite qu'on achète l'album. (lire un de mes anciens blogs pour en savoir plus)

10. VoiVod (Katorz): cette année, nous avons perdu Piggy et je crois qu'on ne réalise pas encore à quel point cet artiste aurait mérité davantage de reconnaissance au Québec (outre l'excellent hommage rendu par Bande à Part). Heureusement, VoiVod n'est pas mort et ce disque le prouve. C'est l'album que j'ai écouté le plus en faisant mon jogging.

11. Old Crow Medicine Show (Big Iron World): Old Crow Medicine Show avait mérité la première place de mon palmarès l'année ou leur premier album avait vu le jour. Ce disque n'est pas moins bon, mais la surprise est moins forte. (lire un ancien blog pour en savoir plus)

12. The Black Keys (Magic Potion): ce duo guitare-batterie n'a rien à envier à The White Stripes. Au contraire, leur blues me semble plus viril et leur musique plus primate. (lire un de mes anciens blogs pour en savoir plus).

13. Islands (Return To The Sea): je n'aimais pas The Unicorns, mais la musique des Islands me plaît. C'est évident que c'est proche d'Arcade Fire, de Wolf Parade et de Simon and Garafunkel, mais y'a quelque chose de franc et de libre dans leur musique.

14. Beck (Information): je n'ai pas embarqué tout de suite, mais plus je l'écoute, plus je le trouve efficace. Beck m'a rarement déçu.

15. Tool (10 000 days): eux aussi ne m'ont pas déçu souvent et ce n'est pas avec cet album que ça commencera. Ça faisait longtemps que je n'avais pas baigné dans leurs univers complexes et lourdes, mais l'expérience vaut le coup, c'est tellement bien fait.

16. M. Ward (Post-War): difficile de cerner tout l'effet positif que ce disque a un sur moi cette année. J'adore le son, l'ambiance et l'authenticité de l'artiste.

17. Bob Dylan (Modern Times): que dire sur Bob Dylan à part qu'il est encore très en forme. Il faut presque faire attention lorsqu'on parle de lui.

18. The Sadies (Live): Ça sonne le cul, c'est inégal, presque trop long, mais y'a du bon stock là-dessus.

19. The Flaming Lips (At War With The Mystics): je trouve cet album bien inégal, mais, dans l'ensemble, je crois que je l'aime bien...

20. My Morning Jacket (Live): ceux qui les ont vus en show s'entendent pour dire qu'ils sont excellents. Ceux qui, comme moi, ne les ont jamais vus peuvent se régaler avec ce disque double.


PALMARÈS QUÉBEC /FRANCE


1. Malajube (Trompe L'oeil): je suis original n'est-ce pas. Moi qui ai tendance à fuire les gros buzz, me voilà conquis par le groupe chouchou de la critique musicale. Tout y est: l'énergie, la profondeur, l'originalité, le son, etc. (lire un de mes anciens blogs pour en savoir plus)


2. Galaxie 500 (Le Temps au Point Mort): j'adore l'univers de Langevin/Fortin. Cet album me paraît aussi énergique que le premier, mais plus raffiné. (lire un de mes anciens blogs pour en savoir plus)


3. Patrick Watson (Close to Paradise): j'ai tout de suite été séduit par cet artiste montréalais. Avec une voix près de Jeff Buckley et une musique extrêmement riche, je crois comme plusieurs qu'il est exportable et on peut en être fiers.


4. Mononc' Serge (Serge Blanc d'Amérique): j'appréhendais cet album avec un peu de crainte étant donné que je savais que Mononc' travaillait avec des nouveaux musiciens. Mais on s'en sacre, car les textes sont toujours aussi drôles et profonds. (Lire un de mes anciens blogs dont une entrevue pour en savoir plus).


5. Damien Robitaille (L'Homme Qui Me Ressemble): je suis perplexe face à cet artiste. Au début, je n'aimais pas. Par la suite, j'aimais quelques pièces et en détestais d'autres. Bien que je ne sois pas encore séduit à 100%, j'apprécie maintenant l'ensemble de cet album.


6. Avec Pas d'Casque (Trois Chaudières de Sang): l'année 2006 en est une de folk pour moi. Ce sympathique duo a su me charmer grâce à son style minimalistes et à ses paroles simples et riches.


7. Pierre Lapointe (La Forêt des Mal Aimés): je fais partie de ceux qui ont aimé Pierre Lapointe dès le début. Je fais également partie de ceux qui ont aimé son deuxième, mais je fais ni partie de ceux qui crachent maintenant sur lui ou de ceux qui sont encore autant charmés.


8. Émily Loizeau (L'autre Bout du Monde): ce n'est pas très viril comme musique, c'est même un peu mou, mais c'est un disque qui m'a plu et que je n'ai pas encore trop écouté.


9. Numéro # (L'idéologie des Stars): cet album m'obsède. Pourquoi suis-je capable de l'écouter? C'est tellement quétaine. C'est peut-être ce que j'aime finalement, l'absurdité que je perçois dans leur approche, le fait que ce soit si assumé... (lire un de mes anciens blogs pour en savoir plus)


10. Vincent Vallières (Repères Tranquilles): j'aime bien ce disque, et ce, même si je préférais son précédant. La pièce titre est très jolie.


PALMARÈS SHOWS 2006:


1. Galaxie 500 à Tadoussac (lire blog)
2. Calexico au FEQ
3. Peeping Tom au National (lire blog)
4. Buck 65 au Club Soda (lire blog)
5. Mononc Serge à Tadoussac (lire blog)
6. Malajube à l'Isle-aux-Coudres (lire blog)
7. Philippe B à l'Isle-aux-Coudres
8. Sabin Fleury à l'Isle-aux-Coudres (lire blog)
9. Karkwa à Tadoussac
10. Ligue d'Impro Musicale à Qc.


CHANSONS DE L'ANNÉE 2006


1. Wolf Like Me - Tv On The Radio
2. Ramblin' Man - Isobel Campbell et Mark Lanagan
3. Horrowdown Hill - Thom Yorke
4. Mojo - Peeping Tom
5. La Fièvre - Galaxie 500
6. Start Wearing Purple - Gogol Bordello
7. John Henry - Bruce Springsteen
8. Filles à Plume - Malajube
9. Crazy - Gnarls Barkley
10.You're the One - Black Keys
11. Arthritis Blues - Ramblin' Jack Elliott
12. Virginia Creeper - Old Crow Medicine Show
13. Bacaisses - Mononc' Serge
14. Humans - The Islands
15. Whoo allright! Yeah - The Rapture

lundi, novembre 13, 2006

Le duo Numéro#....et les goûts


La question m'habite toujours: qu'est-ce que le goût? qu'est-ce qu'un artiste? Désolé, ça m'obsède.

En général, on peut dire que j'écoute pas mal de tout. Par contre, comme plusieurs, je boude souvent ce qui inonde les ondes radio. Snobisme? Peut-être...

En fin de semaine, j'ai fait le plein de disques:
- Tribute to Townes Van Zandt (du bon folk),
- Les Batteux-Slaques (country grivois légèrement cajun se rapprochant de Cayouche, Henri Band, etc.),
- Jean-Louis Murat (l'excellent Mustango avec Medeski, les gars de Calexico, Marc Ribot et Jennifer Charles),
- un album de Radiohead pour enfants,
- un album de Noel d'Ella Fitzgerald,
- Clinic,
- Mark Lanagan,
- The Rapture et
- Numéro#.

Il ne m'en fallait pas plus pour me replonger dans mon questionnement par rapport au goût et aux artistes.

Le disque de Numéro# m'intriguait. J'avais entendu parler d'eux à Radio-Canada, j'avais lu sur eux et je voyais des images de leur album partout. J'ai donc flanché et acheté leur disque. Je me sens maintenant dans le coup plus que jamais (ahahahah!). À vrai dire, ce duo est très loin de ce que j'écoute habituellement. Autrement dit, je ne suis pas un adepte de "dance" ou de pop autant assumé. Par contre, ici, j'apprécie.

C'est là que je trouve ça louche... Pourquoi aime-je ça? Dans les faits, musicalement et textuellement, je trouve ça nul. Ça me fait penser à Britney Spears, à Cher ou à Justin Timberlake. Mais l'approche, le cynisme et l'humour font en sorte que je suis en mesure d'apprécier la démarche et de prendre du recul par rapport au contenu. Enlevez l'aspect "exagéré" de leurs chansons et je ne vous parlerais pas de leur album, car je ne l'aurais pas acheté.

J'ai peut-être une idée qui me permet d'expliquer pourquoi j'aime ça: nous pouvons parfois aimer un artiste ou une oeuvre en fonction de la démarche ou de la personnalité empruntées par l'artiste, et ce, même si le résultat n'est pas nécessairement "bon" pour autant.

Par exemple, je crois qu'on pourrait respecter une peinture très "moyenne" si celle-ci avait été peinte par les orteilles d'un jeune de 4 ans. Le résultat n'est pas nécessairement bon ou intéressant, mais la démarche intrigue. Même chose pour le film Memento. L'histoire, si on la regarde dans l'ordre, est assez ordinaire, mais l'exercice de style est intéressant. Ça arrive aussi en littérature et en musique.

C'est un peu ça avec Numéro#. Ils nous présentent une musique pop totalement assumée et 100% kitsch qui, de par sa franchise, s'avère à la fois réfléchie, rebelle et contestataire.

vendredi, novembre 03, 2006

Je suis obsédé...

Ces jours-ci, je suis obsédé par plusieurs questions relatives à l'art, à l'esthétisme et aux goûts.


Qu'est-ce que le goût?
Qu'est-ce que l'art?
Qu'est-ce qu'un artiste?
Qu'est-ce qui est beau ou laid?


Certains ont tenté de m'aider à me faire une tête sur ce sujet, mais je ne suis pas encore rassasié. Ça me prend plus d'explications, plus d'hypothèses, car la plupart des réponses suscitent d'autres questions.
Un artiste est-il simplement une personne qui pratique un art? Un artiste se définit-il par lui-même ou par les autres (reconnaissance)? Pouvons-nous considérer une personne qui ne propose rien comme étant un artiste?


On dirait que toutes les situations que je vis ces jours-ci me ramènent à ces questions. Que ce soit lorsque j'entends Guy A. Lepage valider ce qui est bon ou non pour notre société artistique, que ce soit à l'Adisq, que ce soit lorsque je vois les ados à qui j'enseigne chier sur des artistes de ma génération au profit de Simple Plan ou de Slipknot, que ce soit lorsque des amis passionnés de "metal" détestent automatiquement tout ce qui ne l'est pas, que ce soit lorsque j'ai l'impression d'avoir raison, que ce soit après avoir fait une compilation musicale à des amis pour leur faire découvrir ce que j'écoute présentement...peu importe, la question me suit, m'obsède, me harcèle; et j'aime ça.


J'en deviens sûrement tannant. J'ai maintenant tendance à vouloir connaître ce qui se cache derrière les goûts des gens. Si quelqu'un ose dire que quelque chose est poche, même si je suis d'accord, j'ai le goût d'investiguer, de creuser, de comprendre ce qui se cache derrière ce jugement.


Hier soir, je visionnais un dvd de Europe avec des amis et confrères de travail. Pour moi, Europe, c'est du bonbon, c'est facile, c'est pop. Pour moi, Final Countdown aurait très bien pu avoir été composée par Fine Young Cannibals, Ace of Base ou Roxette. À 10 ans, j'adorais cette chanson, mais maintenant, je l'écoute avec nostalgie, sans ressentir quoique que ce soit d'autre que de la nostalgie, justement. Mais voilà que mes amis savouraient ce dvd d'Europe en affirmant que c'est bon, un point c'est tout. J'étais sans mot!


Pour ajouter au ridicule, je ne sais pas si mon inconscient m'a joué un tour, mais ce soir, j'ai loué Art School Confidential, la récente comédie dramatique de Terry Zwigoff, le jeune réalisateur que nous avait offert Ghost World, entre autres. J'ai arrêté mon choix sur ce long métrage en raison de la présence de John Malkovich et de Steeve Buscemi. Je n'avais donc pas lu le synopsis.


Alors voilà que cette "comédie" traite de ce sujet: qu'est-ce que l'art? J'ai adoré le ton de ce film, car, en plus d'être divertissant et adroitement pathétique, il dépeint un peu ce que je ressens, moi, en tant que non-artiste à part entière, lorsque je pense à l'art.


Je ne sais plus ce qui est artistique, je suis carrément fourré. Sommes-nous aveuglés par les styles, la mode, la pub, la personnalité de l'artiste ou le contexte? Apprécions-nous l'art avec naïveté ou conscience?
Voulons-nous ressentier quelque chose via l'art ou voulons-nous simplement nous distinguer par les choix qu'on fait?


Aidez-moi à retrouver la confiance que j'avais en mes goûts, car, plus je pense à tout ça, plus je me rends compte qu'on a tous tendance à croire qu'on a du goût et que ceux qui n'ont pas les mêmes que nous ne comprennent tout simplement pas ce que nous saisissons.


C'est flou.
Kolonel