mardi, octobre 10, 2006

Avoir du caractère ou avoir "mauvais caractère"?

Ce blog est normalement réservé à la musique et il continuera à l'être, car je n'ai pas réellement envie d'y raconter ma vie, aussi ordinaire soit-elle.

Sauf qu'aujourd'hui, j'ai envie de m'exprimer au sujet du caractère; dans le sens de "avoir du caractère".

Qui n'a jamais entendu quelqu'un décrire un autre quelqu'un en disant: "Elle, elle a du caractère; elle ne se laisse pas marcher sur les pieds" ? Parfois, on peut même être témoin d'une personne qui se décrit elle-même comme étant quelqu'un qui a du caractère.

Permettez-moi de vous écrire ce que je pense de cette définition, car ça fait longtemps que la chose m'inspire...

Commençons le tout à l'aide d'un exemple qui pourrait aisément être tiré d'un feuilleton quelconque ou d'un film typiquement français:

Jeannine a eu une très mauvaise journée au boulot. En revenant à la maison, elle ne s'endure pas et c'est Louis, son fidèle mari, qui encaisse sa frustration. Au cours du souper, Jeannine entraîne son mari sur un terrain glissant: la fidélité. Ce dernier, loin d'être parfait, finit par avouer qu'il a déjà "flirté" légèrement avec d'autres filles, mais sans plus. Jeannine, blessée dans son orgueil, le traite de salaud. En guise de réplique, Louis lui dit ceci: "Toi, tu m'as bien déjà trompé avec Hugues, mon cousin". Et vlan! Paf! La fameuse claque féminine vient d'atérrir sur la joue mal rasée de Louis.

Pendant ce temps, dans plusieurs chaumières du Québec, il y a sûrement quelques milliers de personnes qui se disent ceci: "Hey Sainte! Elle a du caractère la petite".

Je dois passer aux aveux: je ne suis probablement pas décrit comme une personne ayant du caractère. D'ailleurs, je ne me définis pas d'emblée comme tel non plus.

L'expression "avoir du caractère" cache souvent l'adjectif "mauvais", pour "avoir mauvais caractère". Pour bien vivre avec ce genre de défaut ou pour être certains de ne pas faire sortir l'autre de ses gonds, les gens préfèrent dire qu'ils "ont du caractère".

Parmi les films qui m'ont marqués, Haute Fidélité arrive certainement en tête de liste, et ce, en partie à cause de l'explication que le personnage de John Cusak donne du caractère. En parlant de sa blonde, il dit quelque chose qui ressemble à ceci:

"Elle a du caractère. Pas du caractère dans le sens qu'elle est bête; du caractère dans le sens qu'elle ne rejette pas ses frustrations personnelles sur le dos des autres".

Je suis totalement d'accord avec lui. Je trouve qu'on a souvent tendance à dire qu'une personne a du caractère pour qualifier positivement des attitudes pas toujours très agréables: manque de diplomatie, air bête chronique, excès apparent de confiance, sens de la répartie qui crisse des froids.

Je trouve alors bien souvent que les gens qui doivent crier haut et fort leurs opinions n'ont pas nécessairement de caractère, au contraire, ils ont tellement peur ou ils n'ont tellement pas confiance en eux qu'ils croient essentiel de faire peur à l'autre pour ne pas être dans l'embarras. Si tu oses répliquer, t'affirmer ou dire le contraire, leur gros caractère les pousse parfois à te raccrocher au nez, à te sacrer un coup de poing fans la face ou à se réfugier dans un mutisme très révélateur. Par exemple, Jean-Luc Mongrain, J-F Fillion et André Arthur ont, selon moi, probablement moins de caractère que bien des gens qu'on peut trouver mous au premier regard.

C'est comme si avoir du caractère rimait automatiquement avec: être bête, être sec, parler fort, claquer la porte ou cogner sur la table en parlant.

Si tu écoutes, si tu fais preuve de diplomatie, si tu prends du recul ou si tu ne vois pas l'utilité de crier pour te faire comprendre, tu es souvent perçu comme étant dénudé de caractère, voire mou... En enseignement, c'est d'ailleurs bien connu!

C'est un peu pourquoi je trouve que bien de débats publics auxquels nous assistons sont davantage des combats de coqs que des combats idéologiques profonds. Aussitôt qu'on est en présence d'un caractériel, le débat dégénère, le show off prend toute la place et passe pour le vainqueur alors qu'il n'a rien dit ou qu'il n'a pas eu la politesse d'écouter l'autre. Des exemples: Léo-Paul Lauzon (que je trouve toutefois très intelligent), Claude Poirier (ou l'homme qui commence 5 phrases sans en finir une), Dan Bigras, Pierre Falardeau, le Doc Mailloux, etc.

Avoir du caractère, pour moi, signigie davantage être capable de se contrôler qu'être prompt. C'est une qualité qui n'appartient pas qu'aux grandes gueules.

Pour moi, Pierre Lavoie (le triathlète qui a perdu 2 enfants et qui tente d'amasser des fonds pour vaincre l'acidose lactique), Réjean Thomas et Françoise David ont du caractère, du vrai; pas de l'orgueil mal placé ou de l'insécurité refoulée.

En guise de conclusion à cette réflexion qui est encore une fois trop longue, le petit caniche qui jappe tout le temps, pour moi, n'a pas plus de caractère que le gros Golden qui reste couché devant les affronts du petit barbette!