Samedi après-midi, inconfortablement assis dans l'autobus qui me reconduira à la Malbaie, je feuillette une revue de musique en repensant à la fin de semaine que je viens de passer à Montréal.
Je ne fais pas partie des rares chanceux qui ont la chance de ne pas avoir de voisin immédiat dans l'autobus. J'ai tout fait pour faire sentir aux passagers qui cherchaient un banc que je n'étais pas en mesure de les recevoir tout de suite: manteau sur le banc voisin, disques empilés tout croche sur mes genoux, regard fuyant, cannette de boisson gazeuse à la main... Ce n'était pas assez. Un sympathique jeune homme à l'air inoffensif semble en train de me dire quelque chose. J'enlève mes écouteurs.
- Est-ce que je peux m'asseoir ici ?, me demande-t-il poliment.
- Bien sûr, lui réponds-je avec un faux sourire.
Le mec s'asseoit, je dépose mon arsenal sous mes pieds et je replonge dans ma revue qui traite de VoiVod, Mike Patton, Calexico, Melvins, etc.
À 14h pile, l'autobus démarre en direction de Québec, trois heures à être à l'étroit, à ne pas pouvoir déplier mes jambes et à tout faire pour ne pas que mon coude frôle celui de mon voisin qui tente aussi de profiter du trajet pour lire un bouquin.
Une fois arrivés sur l'autoroute 40, plusieurs ont trouvé sommeil. C'est également le cas de mon voisin. La tête par en arriève, livre sur les genoux, il m'apparaît évident qu'il dort, car sa bouche, légèrement ouverte, semble molle et sa tête valse de gauche à droite au gré des coups de volant du jeune chauffeur. Tout est paisible.
Le moteur de l'autobus ronronne en coeur avec la musique que j'écoute lorsque, de façon abrupte, un autre son se joint à l'orchestre: mon ami de droite ronfle. Ce n'est pas un filet de reniflement, il s'agit ici d'un ronflement d'homme.
Mon premier réflexe est de sourire, car je sais que plusieurs personnes l'entendent et que lui, bien entendu, il ne s'en doute pas du tout. Rapidement, je paranoïe à l'idée que les gens qui ne le voient pas croient que je suis l'auteur de ces bruits primates. Pour faire taire les éventuelles rumeurs, je bouge, je tente de paraître le plus grand possible, je tousse et je lis ma revue à une hauteur qui permet aux autres passagers de voir que je lis, je ne dors pas.
Les ronfelements s'accentuent à un point tel que je dois monter le volume de mon vieux lecteur cd, car je ne suis pas encore à l'ère des I-Pod. J'écoute du Micah P. Hinson, un nouveau disque que je me suis acheté la veille. C'est en levant le son que je me rends compte que j'avais passé un bon 20 minutes à l'écouter sans réellement faire attention, comme lorsqu'on tourne la page d'un livre et qu'on allume qu'on n'a rien lu. En parlant de livre, mon coloc de banc, en dormant, ne se rend pas compte que son gros livre à peine entamé glisse de ses genoux à chaque 5 minutes. Lorsque ce n'est pas moi qui le ramasse, c'est sa voisine de droite. Est-ce possible de dormir aussi dur? J'ai presque eu envie de lui voler son portefeuille!
Je me concentre donc sur la musique qui envahit mes oreilles en guise de lutte contre les bruits de cochon qui émanent de la bouche molle de l'homme qui dort près de moi. Je suis charmé. Quelle belle musique! Dans les circonstances, c'est parfait: pas trop relaxe, pas trop agressif; juste bien.
Ce qui m'épate de cel album, que j'ai écouté 4 fois de suite jusqu'à ce que j'arrive à la Malbaie et que je me rende compte que je n'ai pas dormi du trajet, c'est que le fil conducteur de l'album finit par nous hypnotiser à un point tel qu'on a l'impression de connaître ces chansons depuis plusieurs années. En fait, cet album pourrait constitué une seule et longue pièce, un peu comme Melody Nelson de Gainsbourg. Pour ceux qui aiment avoir des références, cet album de Micah P. Hinson peut faire penser à Beck (Sea Change) au niveau de l'ambiance, mais avec moins d'orchestrations; à Arizona Amp and The Alternator, à Phillipe B (minimalisme, arrangements) à Lambchop, à Will Oldham et peut-être même à Neil Young. C'est minimaliste, moderne, bien réalisé et la guitare, simple et douce, sert de trame de fond à un album fascinant.
Lorsque les lumières intérieures de l'autobus s'allument et que le chauffeur prend le micro pour dire: "La Malbaie", j'enlève mes écouteurs en réalisant à quel point ces voyages en autobus me font du bien et me permettent d'écouter des albums de façon plus concentrée que si j'avais dû conduire. Le résultat est concluant: je suis tombé sous le charme de Patrick Watson et de Micah P. Hinson à un point tel que j'oublie que, la veille, j'ai eu la chance de voir Tv On The Radio au National...
Je ne fais pas partie des rares chanceux qui ont la chance de ne pas avoir de voisin immédiat dans l'autobus. J'ai tout fait pour faire sentir aux passagers qui cherchaient un banc que je n'étais pas en mesure de les recevoir tout de suite: manteau sur le banc voisin, disques empilés tout croche sur mes genoux, regard fuyant, cannette de boisson gazeuse à la main... Ce n'était pas assez. Un sympathique jeune homme à l'air inoffensif semble en train de me dire quelque chose. J'enlève mes écouteurs.
- Est-ce que je peux m'asseoir ici ?, me demande-t-il poliment.
- Bien sûr, lui réponds-je avec un faux sourire.
Le mec s'asseoit, je dépose mon arsenal sous mes pieds et je replonge dans ma revue qui traite de VoiVod, Mike Patton, Calexico, Melvins, etc.
À 14h pile, l'autobus démarre en direction de Québec, trois heures à être à l'étroit, à ne pas pouvoir déplier mes jambes et à tout faire pour ne pas que mon coude frôle celui de mon voisin qui tente aussi de profiter du trajet pour lire un bouquin.
Une fois arrivés sur l'autoroute 40, plusieurs ont trouvé sommeil. C'est également le cas de mon voisin. La tête par en arriève, livre sur les genoux, il m'apparaît évident qu'il dort, car sa bouche, légèrement ouverte, semble molle et sa tête valse de gauche à droite au gré des coups de volant du jeune chauffeur. Tout est paisible.
Le moteur de l'autobus ronronne en coeur avec la musique que j'écoute lorsque, de façon abrupte, un autre son se joint à l'orchestre: mon ami de droite ronfle. Ce n'est pas un filet de reniflement, il s'agit ici d'un ronflement d'homme.
Mon premier réflexe est de sourire, car je sais que plusieurs personnes l'entendent et que lui, bien entendu, il ne s'en doute pas du tout. Rapidement, je paranoïe à l'idée que les gens qui ne le voient pas croient que je suis l'auteur de ces bruits primates. Pour faire taire les éventuelles rumeurs, je bouge, je tente de paraître le plus grand possible, je tousse et je lis ma revue à une hauteur qui permet aux autres passagers de voir que je lis, je ne dors pas.
Les ronfelements s'accentuent à un point tel que je dois monter le volume de mon vieux lecteur cd, car je ne suis pas encore à l'ère des I-Pod. J'écoute du Micah P. Hinson, un nouveau disque que je me suis acheté la veille. C'est en levant le son que je me rends compte que j'avais passé un bon 20 minutes à l'écouter sans réellement faire attention, comme lorsqu'on tourne la page d'un livre et qu'on allume qu'on n'a rien lu. En parlant de livre, mon coloc de banc, en dormant, ne se rend pas compte que son gros livre à peine entamé glisse de ses genoux à chaque 5 minutes. Lorsque ce n'est pas moi qui le ramasse, c'est sa voisine de droite. Est-ce possible de dormir aussi dur? J'ai presque eu envie de lui voler son portefeuille!
Je me concentre donc sur la musique qui envahit mes oreilles en guise de lutte contre les bruits de cochon qui émanent de la bouche molle de l'homme qui dort près de moi. Je suis charmé. Quelle belle musique! Dans les circonstances, c'est parfait: pas trop relaxe, pas trop agressif; juste bien.
Ce qui m'épate de cel album, que j'ai écouté 4 fois de suite jusqu'à ce que j'arrive à la Malbaie et que je me rende compte que je n'ai pas dormi du trajet, c'est que le fil conducteur de l'album finit par nous hypnotiser à un point tel qu'on a l'impression de connaître ces chansons depuis plusieurs années. En fait, cet album pourrait constitué une seule et longue pièce, un peu comme Melody Nelson de Gainsbourg. Pour ceux qui aiment avoir des références, cet album de Micah P. Hinson peut faire penser à Beck (Sea Change) au niveau de l'ambiance, mais avec moins d'orchestrations; à Arizona Amp and The Alternator, à Phillipe B (minimalisme, arrangements) à Lambchop, à Will Oldham et peut-être même à Neil Young. C'est minimaliste, moderne, bien réalisé et la guitare, simple et douce, sert de trame de fond à un album fascinant.
Lorsque les lumières intérieures de l'autobus s'allument et que le chauffeur prend le micro pour dire: "La Malbaie", j'enlève mes écouteurs en réalisant à quel point ces voyages en autobus me font du bien et me permettent d'écouter des albums de façon plus concentrée que si j'avais dû conduire. Le résultat est concluant: je suis tombé sous le charme de Patrick Watson et de Micah P. Hinson à un point tel que j'oublie que, la veille, j'ai eu la chance de voir Tv On The Radio au National...