lundi, novembre 13, 2006

Le duo Numéro#....et les goûts


La question m'habite toujours: qu'est-ce que le goût? qu'est-ce qu'un artiste? Désolé, ça m'obsède.

En général, on peut dire que j'écoute pas mal de tout. Par contre, comme plusieurs, je boude souvent ce qui inonde les ondes radio. Snobisme? Peut-être...

En fin de semaine, j'ai fait le plein de disques:
- Tribute to Townes Van Zandt (du bon folk),
- Les Batteux-Slaques (country grivois légèrement cajun se rapprochant de Cayouche, Henri Band, etc.),
- Jean-Louis Murat (l'excellent Mustango avec Medeski, les gars de Calexico, Marc Ribot et Jennifer Charles),
- un album de Radiohead pour enfants,
- un album de Noel d'Ella Fitzgerald,
- Clinic,
- Mark Lanagan,
- The Rapture et
- Numéro#.

Il ne m'en fallait pas plus pour me replonger dans mon questionnement par rapport au goût et aux artistes.

Le disque de Numéro# m'intriguait. J'avais entendu parler d'eux à Radio-Canada, j'avais lu sur eux et je voyais des images de leur album partout. J'ai donc flanché et acheté leur disque. Je me sens maintenant dans le coup plus que jamais (ahahahah!). À vrai dire, ce duo est très loin de ce que j'écoute habituellement. Autrement dit, je ne suis pas un adepte de "dance" ou de pop autant assumé. Par contre, ici, j'apprécie.

C'est là que je trouve ça louche... Pourquoi aime-je ça? Dans les faits, musicalement et textuellement, je trouve ça nul. Ça me fait penser à Britney Spears, à Cher ou à Justin Timberlake. Mais l'approche, le cynisme et l'humour font en sorte que je suis en mesure d'apprécier la démarche et de prendre du recul par rapport au contenu. Enlevez l'aspect "exagéré" de leurs chansons et je ne vous parlerais pas de leur album, car je ne l'aurais pas acheté.

J'ai peut-être une idée qui me permet d'expliquer pourquoi j'aime ça: nous pouvons parfois aimer un artiste ou une oeuvre en fonction de la démarche ou de la personnalité empruntées par l'artiste, et ce, même si le résultat n'est pas nécessairement "bon" pour autant.

Par exemple, je crois qu'on pourrait respecter une peinture très "moyenne" si celle-ci avait été peinte par les orteilles d'un jeune de 4 ans. Le résultat n'est pas nécessairement bon ou intéressant, mais la démarche intrigue. Même chose pour le film Memento. L'histoire, si on la regarde dans l'ordre, est assez ordinaire, mais l'exercice de style est intéressant. Ça arrive aussi en littérature et en musique.

C'est un peu ça avec Numéro#. Ils nous présentent une musique pop totalement assumée et 100% kitsch qui, de par sa franchise, s'avère à la fois réfléchie, rebelle et contestataire.

vendredi, novembre 03, 2006

Je suis obsédé...

Ces jours-ci, je suis obsédé par plusieurs questions relatives à l'art, à l'esthétisme et aux goûts.


Qu'est-ce que le goût?
Qu'est-ce que l'art?
Qu'est-ce qu'un artiste?
Qu'est-ce qui est beau ou laid?


Certains ont tenté de m'aider à me faire une tête sur ce sujet, mais je ne suis pas encore rassasié. Ça me prend plus d'explications, plus d'hypothèses, car la plupart des réponses suscitent d'autres questions.
Un artiste est-il simplement une personne qui pratique un art? Un artiste se définit-il par lui-même ou par les autres (reconnaissance)? Pouvons-nous considérer une personne qui ne propose rien comme étant un artiste?


On dirait que toutes les situations que je vis ces jours-ci me ramènent à ces questions. Que ce soit lorsque j'entends Guy A. Lepage valider ce qui est bon ou non pour notre société artistique, que ce soit à l'Adisq, que ce soit lorsque je vois les ados à qui j'enseigne chier sur des artistes de ma génération au profit de Simple Plan ou de Slipknot, que ce soit lorsque des amis passionnés de "metal" détestent automatiquement tout ce qui ne l'est pas, que ce soit lorsque j'ai l'impression d'avoir raison, que ce soit après avoir fait une compilation musicale à des amis pour leur faire découvrir ce que j'écoute présentement...peu importe, la question me suit, m'obsède, me harcèle; et j'aime ça.


J'en deviens sûrement tannant. J'ai maintenant tendance à vouloir connaître ce qui se cache derrière les goûts des gens. Si quelqu'un ose dire que quelque chose est poche, même si je suis d'accord, j'ai le goût d'investiguer, de creuser, de comprendre ce qui se cache derrière ce jugement.


Hier soir, je visionnais un dvd de Europe avec des amis et confrères de travail. Pour moi, Europe, c'est du bonbon, c'est facile, c'est pop. Pour moi, Final Countdown aurait très bien pu avoir été composée par Fine Young Cannibals, Ace of Base ou Roxette. À 10 ans, j'adorais cette chanson, mais maintenant, je l'écoute avec nostalgie, sans ressentir quoique que ce soit d'autre que de la nostalgie, justement. Mais voilà que mes amis savouraient ce dvd d'Europe en affirmant que c'est bon, un point c'est tout. J'étais sans mot!


Pour ajouter au ridicule, je ne sais pas si mon inconscient m'a joué un tour, mais ce soir, j'ai loué Art School Confidential, la récente comédie dramatique de Terry Zwigoff, le jeune réalisateur que nous avait offert Ghost World, entre autres. J'ai arrêté mon choix sur ce long métrage en raison de la présence de John Malkovich et de Steeve Buscemi. Je n'avais donc pas lu le synopsis.


Alors voilà que cette "comédie" traite de ce sujet: qu'est-ce que l'art? J'ai adoré le ton de ce film, car, en plus d'être divertissant et adroitement pathétique, il dépeint un peu ce que je ressens, moi, en tant que non-artiste à part entière, lorsque je pense à l'art.


Je ne sais plus ce qui est artistique, je suis carrément fourré. Sommes-nous aveuglés par les styles, la mode, la pub, la personnalité de l'artiste ou le contexte? Apprécions-nous l'art avec naïveté ou conscience?
Voulons-nous ressentier quelque chose via l'art ou voulons-nous simplement nous distinguer par les choix qu'on fait?


Aidez-moi à retrouver la confiance que j'avais en mes goûts, car, plus je pense à tout ça, plus je me rends compte qu'on a tous tendance à croire qu'on a du goût et que ceux qui n'ont pas les mêmes que nous ne comprennent tout simplement pas ce que nous saisissons.


C'est flou.
Kolonel