Le duo Numéro#....et les goûts
La question m'habite toujours: qu'est-ce que le goût? qu'est-ce qu'un artiste? Désolé, ça m'obsède.
En général, on peut dire que j'écoute pas mal de tout. Par contre, comme plusieurs, je boude souvent ce qui inonde les ondes radio. Snobisme? Peut-être...
En fin de semaine, j'ai fait le plein de disques:
- Tribute to Townes Van Zandt (du bon folk),
- Les Batteux-Slaques (country grivois légèrement cajun se rapprochant de Cayouche, Henri Band, etc.),
- Jean-Louis Murat (l'excellent Mustango avec Medeski, les gars de Calexico, Marc Ribot et Jennifer Charles),
- un album de Radiohead pour enfants,
- un album de Noel d'Ella Fitzgerald,
- Clinic,
- Mark Lanagan,
- The Rapture et
- Numéro#.
Il ne m'en fallait pas plus pour me replonger dans mon questionnement par rapport au goût et aux artistes.
Le disque de Numéro# m'intriguait. J'avais entendu parler d'eux à Radio-Canada, j'avais lu sur eux et je voyais des images de leur album partout. J'ai donc flanché et acheté leur disque. Je me sens maintenant dans le coup plus que jamais (ahahahah!). À vrai dire, ce duo est très loin de ce que j'écoute habituellement. Autrement dit, je ne suis pas un adepte de "dance" ou de pop autant assumé. Par contre, ici, j'apprécie.
C'est là que je trouve ça louche... Pourquoi aime-je ça? Dans les faits, musicalement et textuellement, je trouve ça nul. Ça me fait penser à Britney Spears, à Cher ou à Justin Timberlake. Mais l'approche, le cynisme et l'humour font en sorte que je suis en mesure d'apprécier la démarche et de prendre du recul par rapport au contenu. Enlevez l'aspect "exagéré" de leurs chansons et je ne vous parlerais pas de leur album, car je ne l'aurais pas acheté.
J'ai peut-être une idée qui me permet d'expliquer pourquoi j'aime ça: nous pouvons parfois aimer un artiste ou une oeuvre en fonction de la démarche ou de la personnalité empruntées par l'artiste, et ce, même si le résultat n'est pas nécessairement "bon" pour autant.
Par exemple, je crois qu'on pourrait respecter une peinture très "moyenne" si celle-ci avait été peinte par les orteilles d'un jeune de 4 ans. Le résultat n'est pas nécessairement bon ou intéressant, mais la démarche intrigue. Même chose pour le film Memento. L'histoire, si on la regarde dans l'ordre, est assez ordinaire, mais l'exercice de style est intéressant. Ça arrive aussi en littérature et en musique.
C'est un peu ça avec Numéro#. Ils nous présentent une musique pop totalement assumée et 100% kitsch qui, de par sa franchise, s'avère à la fois réfléchie, rebelle et contestataire.