samedi, janvier 20, 2007

Broyer du Noir...


Artiste: Jim Noir

Titre de l'album: Tower of Love

Le nom du chanteur m'intriguait. Au départ, en raison du "Noir", je croyais qu'il sagissait d'un Français, mais après avoir fait quelques recherches, j'ai réalisé que ce n'était pas le cas.

Comme plusieurs, je suis passé par dessus ce disque en 2006 et, aujourd'hui je me demande qu'est-ce qui fait en sorte qu'un artiste tel que Jim Noir soit inconnu alors que d'autres, qui à mon avis font de la musique moins intéressante, sont archi populaires.

Avoir découvert cet album à sa sortie, il aurait figuré dans mon top anglo de l'année. Écouter Jim Noir, c'est léger, facile et agréable. Pourtant, derrières des orchestrations à première vue simples et déjà entendues se cache un réel travail d'arrangement et un talent de compositeur évident.

Dès les premières notes, c'est certain, on pense à Brian Wilson. Questions ressemblances, pour ceux qui aiment avoir une petite idée, on peut également ranger tout près de Beta Band, Belle and Sebastian et tous ces groupes qui allient l'esprit acousitique des années 60 aux sonorités actuelles. En poussant un peu plus loin, on peut saisir plus en profondeur ce qui le démarque tout de même de ses confrères. Sa musique est libre, recherchée et mélodique (parfois un peu à la manière de Baccharach).

Changement de registre...

Pour les amateurs de musique du monde typiquement brésilienne (pas de granol festif à la Tryo), c'est-à-dire de musique un peu plus "tribale" et un peu plus "sexy", je vous conseille de jeter une oreille attentive à ces deux albums:

1. Beat the Donkey de Cyro Baptista.
Cyro Baptista est connu et reconnu pour ses collaborations avec John Zorn, Medeski Martin Wood, Paul Simon, Herbie Hancock, Brian Eno, etc. Percussionniste et arrangeur de grand talent, il s'éclate d'agérable façon sur ce disque où foissonnent des percussions endiablées, de guitares funk et des mélodies saccadées complètement épilleptiques. En écoutant ce disque, on a l'impression d'être dans un grand cirque sur le bord d'une plage au Brésil.

2. Palo Congo de Sabu Martinez
Beaucoup plus vieux, ce disque, qui met également en valeur des percussionnistes (probablement afro-cubains) a vu le jour au cours des années 50, mais demeure encore aujourd'hui très actuel et très entraînant. Je ne connais pas bien la musique brésilienne que je sais fort riche, mais j'ose croire que cet album reflète bien la musique traditionnelle des gens de ce pays. C'est du jazz tribal entouré de choeurs, de percussions et de guitares rappelant Marc Ribot. À l'écoute de ce disque, on s'imagine encore près d'un plage, mais autour d'un feu autour duquel des familles entières dansent et chantent.

Ça me donne le goût d'aller faire un tour à Sao Paulo... Pour ceux qui veulent danser et s'éclater, ces deux albums de musique du monde éclipsent toutes les compilations ridicules qui envahissent les Clubs Merde.

vendredi, janvier 05, 2007

L'art et le danger de magasiner des disques...

Je déteste magasiner, mais je suis de ceux qui aiment encore Noël. Ne demeurant pas à deux coins de rue de ma famille, le temps des fêtes représente l'occasion idéale pour moi de faire le tour de la grande famille au Saguenay. J'en profite également pour voir des vieux amis ainsi que pour relaxer et manger comme un porc. Si le temps des fêtes durait un mois de plus, je finirais par avoir une aussi grosse face que le chanteur de Keane, ce qui n'est pas peu dire...

Cette année, grâce à la magie d'Internet, j'ai réussi à régler la majorité de mes cadeaux via le web, ce qui m'a évité bien des malaises, car lorsque j'entre dans un magasin, que ce soit de vêtements, de cosmétiques ou un magasin à rayons, je me sens tout crohe, j'ai soif, je sue et j'ai comme un espèce d'envie de chier qui me rappelle à quel point je serais bien chez moi. Ce n'est pas compliqué, lorsque je me ramasse dans un centre d'achats plein à craquer, je me sens comme Soeur Angèle dans un sketch des Jackass...

Par contre, ce que je réalise de plus en plus, c'est que ces sensations de malaise via le magasinage disparaissent lorsqu'il s'agit de magasiner pour des disques. Je dirais même que c'est l'effet inverse qui se produit: je relaxe, je me détends, je respire et je ne vois pas le temps passer. Pourquoi? Parce que je me sens dans mon élément. Ayant travaillé pendant deux années dans un HMV, je reconnais les pochettes, j'ai une idée des prix et de la valeur des choses, j'espère dénicher l'album ultime et j'apprends. J'imagine que c'est la même chose pour tout le monde. La petite blonde à la mode aime flâner chez Jacob, car elle s'y connaît. Même chose pour l'homme au pinch qui se tient au Canadian Tire ou pour la grosse madame aux collants turquoises qui fait son épicerie chez Costco ou Wal-Mart. J'ignore toutefois si toutes ces personnes, comme moi, deviennent légèrement "zombie" lorsqu'elles se retrouvent dans LEURS boutiques. En ce qui me concerne, c'est presque rendu dangereux. Je deviens tellement absorbé par mes fouilles musicales que ça en est dangereux... Laissez-moi vous raconter deux petits anecdotes en lien avec cette constatation.

Il y a environ un an, sinon plus, je suis allé faire un tour à Montréal pour, comme toujours, voir des shows, prendre un bain de ville, stresser dans la métro, boire de la bière, essayer quelques restos, passer du temps avec mon pote Pierre-Yves et faire le plein de disques. Mon ami en question connaît assez bien mes goûts et mon faible sens de l'orientation pour m'avoir tapé une belle petite "trail" facile à suivre lorsque je veux me promener à Montréal. C'est simple, pour moi la Métropole se réume pratiquement à la rue Mont-Royal. À chaque fois que je mets les pieds à Montréal, je vais faire mon tour sur Mont-Royal.

Je passe au moins tout un après-midi à magasiner des disques chez Archambeault, à l'Oblique, à l'Échange et dans d'autres petits commerces semblables. Par un bel après-midi ensoleillé, j'avais entrepris de pousser plus loin ma quête de nouvelle musique. J'avais donc monté un peu plus haut sur Mont-Royal pour me retrouver chez un disquaire qui semblait spécialisé dans les vinyls. J'entre dans la boutique. C'est assez tranquille. Comme toujours, je n'ai aucune idée de ce qui joue dans le magasin. Le propriétaire ne me salue pas, il est trop occupé à nous montrer à quel point il est blasé. Tel Rain Man face à une boîte de cure-dents, je pars en transe...

La routine est simple: je fais un premier balayage visuel pour avoir une vue d'ensemble du magasin. Par la suite, je cherche la section "Rock" et la lettre "A". Ça y est, j'ai trouvé. C'est parti. Un après un, je scanne les vinyls qui passe entre mes doigts en cadence. Lorsque je termine un bloc de vinyl, je me tasse d'un pied vers la gauche et je continue, machinalement, doucement, sans aucun stress, dans ma bulle!

C'est une fois arrivé devant la dernière section de la rangée, vis-à-vis la lettre "F", que la sensation la plus bizarre que j'ai ressentie de ma vie a parcouru ma colonne, mes pieds et mon coprs en entier. Sans comprendre pourquoi, tout d'un coup, je tombais. Sous mes pieds, il n'y avait plus de plancher et la clarté du jour avait disparu au profit d'une noirceur opaque et humide. La chute a probablement duré 0.05 seconde, mais je me souviens très bien avoir eu le temps de me dire ceci:
"Euh! Je suis en train de tomber là. Mais où? Pourquoi?".

C'est lorsque mes talons ont touché le sol que j'ai réalisé que je ne rêvais pas; j'avais bel et bien tombé. La chute fut double. Dans un premier temps, je suis tombé en position "debout", jusqu'à ce que je touche le sol. Par la suite, étant donné le choc, j'ai perdu l'équillible me suis retrouvé à plat ventre, les bras remplis de sacs et la face dans du brin de scie. Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai vu le disquaire anglophone blasé qui tenait un fusible dans sa main droite. Il me regardait avec la même compassion que Virginie lorsqu'elle reçoit un de ses anciens élèves chez elle en plein dimanche après-midi. Il m'a aidé à me relever et à enlever la poussière qui avait recouvert mes vêtements.

- Es-tu OK?, me demanda-t-il avec son bel accent ontarien.
- J'sais pas encore, lui répondis-je.

Apparamment, je l'étais. J'avais quelques bleus aux jambes et les bras égratignés, mais j'étais en vie. C'est alors que je compris ce qui m'était arrivé.

Notre ami le propriétaire, dans toute sa grande splendeur, avait décidé de changer un fusible au sous-sol. Pour y avoir accès, il avait dû déplacer le gros divan vert qui cachait la grande trappe sur le plancher. Il avait donc enlevé la trappe avant d'emprunter l'escalier abrupt (auquel je n'ai pas touché soit dit en passant, je n'ai pas déboulé, je suis tombé) qui rejoignait le sous-sol. Pour lui, c'était évident que j'avais remarqué tous ces changements. Il ignorait que j'étais en transe. C'est pourquoi, lorsque je me suis déplacé d'un pied vers la gauche, je n'ai pas vu l'énorme trou noir qui avait pris la place du gros divan vert.

Je suis donc remonté de la cave lentement. Une fois la lumière du jour retrouvée, j'avais l'impression d'arriver dans un "surprise party". Les quelques clients qui avaient assisté à ma chute applaudissaient de me savoir toujours vivant. Quelque peu gênant comme expérience. Pas besoin de vous dire que je suis parti sur le champ et que le tenancier blasé de la boutique était mal dans sa peau. J'aurais au moins espéré qu'il me donne un disque...

Hier, dans un même ordre d'idée mais de façon moins spectaculaire, j'ai encore été témoin de ma non-consciences des choses qui m'entourent lorsque je suis allé faire le plein de disques à Québec. Après avoir passé 2 heures chez CD Mélomane, je suis passé chez Musique du Faubourg pour échanger quelques disques que je n'écoutais plus. Pendant que je regardais les chansons qui figuraient sur un disque d'Andrew Bird, j'ai remarqué une tache visqueuse apparaître sur le boitier. Mon cerveau était tellement à "Off" qu'il avait oublié de renifler...

Toujours est-il que (expression de ma grand-mère) j'ai réussi à mettre la main sur des albums que je voulais depuis quelques temps: Donovan, Otis Redding, Charlotte Gainsbourg, Andrew Bird (je n'avais plus le choix de le prendre...), Eric Clapton (chante Robert Johnson), Gang of Four (qui remet en cause l'originalité des Raptures), Grand Corps Malade, A Hawk and a Hawcksaw, Brigitte Fontaine, Beirut, Joni Mitchell, Crosby Still Nash and Young, Sam Cooke et Jimi Hendrix, Jcques Brel, Steely Dan (bof!), Frank Zappa (Hot Rats), Marty Robbins (un genre d'Elvis-Cash), RBO (en vinyl avec le gratteux), Brassens et sa guitare, Sly and the Family Stone, David Bowie (son album de reprises), et