lundi, septembre 25, 2006

Accords alcool / musique

En bon épicurien, j'aime manger, boire et écouter de la musique. Nous savons tous qu'il est possible d'agencer des mets et des boissons alcoolisées: un bon vin blanc pour accompagner du poisson ou un bon vin rouge corsé pour terminer une dégustation vins / fromages.
Parfois, il nous arrive de faire des mauvaises gaffes et de gâter le rapas ou la bouteille qui l'accompagne. Lorsque l'occasion s'y prête, si vous êtes préoccupés par l'ambiance de votre souper, il est fort probable que vous songiez même à la musique qui accompagner votre repas. Toutefois, et vous me corrigerez si je me trompe, nous ne demandons pas à des disquaires quelle musique pourrait rehausser un plat de fondue au fromage partagé en bonne compagnie. Et pourtant... Selon moi, musique et alcool font aussi bon ménage que alcool et nourriture.

Je suis ni sommelier, ni brasseur, ni musicologue, mais comme tout bon épicurien sensible aux plaisirs de la vie, je tente toujours de maximiser ce que je goûte et la musique m'aide à apprécier davantage presque tout ce que je fais et ce que j'avale.

Dernièrement, je lisais d'ailleurs un texte de mon ami Klimbo qui faisait le constat que la musique reggae n'était pas culturellement faite pour donner envie de boire de la bière. J'étais d'accord avec lui. Ça peut donner soif, j'en conviens, mais on pense à d'autres substances lorsqu'on écoute du Bob Marley...

J'ai donc envie de vous partager quelques associations alcool / musique qui me semblent harmonieuses en espérant que vous nous ferez part de vos associations alcolo-musicales afin de nous faire découvrir des disques ou des boissons, car, ça semble évident, la musique et l'alcool font normalement bon ménage.

Une question m'apparaît importante: est-ce la musique ou l'alcool qui sert de base aux choix que l'on fait. Lorsqu'on choisit une bouteille de vin, on sait normalement ce qu'on va se mettre sous la dent. Pour ma part, à tout le moins, il est assez rare que je choisis la bouteille en premier et le repas en deuxième. Pour ce qui est du sujet qui nous intéresse, je crois que c'est l'alcool qui, dans mon cas, sert de fondation aux choix musicaux que je fais.

Voici des exemples:

1. Quelle musique accompagne le mieux la Trois-Pistoles, une de mes bières préférées?

Réponse: de la musique traditionnelle et folklorique telle que Hommage aux Aînés ou Old Crow Medecine Show.

2. Si j'ai envie de boire du porto, je préfère les ambiances feutrées, chaudes, enveloppantes, rouges et quelque peu sexy.

J'aurais donc tendance à opter pour du Portishead, du Arthur H, du Serge Gainsbourg, du Alain Bashung, du Blonde Redhead ou du Paolo Conte.

3. Il nous arrive toutes et tous de devoir boire, manque de choix ou d'argent obligent, de la bière plus "facile", "commerciale", "ordinaire", voire même sans saveur (Labatt Bleue, Bud Light, Molson Dry, Black Label, Wild Cat, etc.). Qu'a-t-on alors envie d'écouter pour faciliter la digestion et oublier qu'on retombe en enfance en buvant juste pour le plaisir d'être saoul?

Premièrement, il faut que je sois sur le party en criss pour accepter boire de telles cochonneries. J'espère donc que ces dernières seront accompagnées de musique entraînantes telles que Metallica, Madonna, Galaxie 500 (Old Milwakee), Les Colocs, Gnarls Barkley, Plume Latraverse ou TSPC (premières brosses d'adolescence).

4. J'ai un faible pour les vins corsés: Escudo Rojo, Trumpeter, St-Martin de Toques, par exemple. Qu'est-ce qui peut rehausser le goût de ces merveilleux vins?

Quelque chose d'assez relaxe, mais de présent; pas de musique d'ascenseur, des artistes tels que Tom Waits, Andrew Bird, Eels, Lhasa, Elliott Smith, Sparklehorse, Philippe B, Richard Desjardins, etc.

5. L'été, lorsqu'il fait chaud et que j'ai envie de boire une Corona sur la plage, qu'est-ce qui pourrait servir de nourriture à mes oreilles?

De la musique festive, sans aucun doute: Zebda, Asian Dub Foundation, Beck, The Beach Boys, Calexico, Gogol Bordello, Weezer, etc.

6. Et pour le vin blanc? Pour moì, ça sonne léger, heureux de vivre, un peu plus facile...

J'apprécierais donc la musique de Belle and Sebastian, Cali, Coco Rosie, Devendra Banhart, vieux Radiohead, Peeping Tom...

7. Que boit-on lorsque la veillée tire à sa fin, qu'on est ben saoul, que le soleil se lève, que l'appartement est sans dessus-dessous et qu'on a le verbe et les gestes chambranlants? Dans mon cas, bien souvent, c'est l'heure des boissons mélangées: Rhum and Coke ou Gin tonic.

La meilleure musique pour une telle situation est, selon moi, du The Doors, y'a rien de plus "fin d'brosse". Sinon, le premier de Pink Floyd, Velvet Underground, Real Thing de Faith No More, Plywood 3/4, Fred Fortin, Jimi Hendrix, Sonic Youth, Bob Dylan, Johnny Cash ou Heavy Trash.

8. Le lendemain de cette méga brosse, c'est certain que je n'aurais pas vraiment envie de boire de bière, de vin ou de liqueur. Ma solution: Bloody Ceasar. Si vous me voyez siroter ce drink, dites-vous que la veille j'étais sûrement ben plein!

J'ai alors besoin de me sentir en santé et un peu plus sage. Quoi de mieux que du Ennio Morricone, du Harmonium, du Sigur Ros ou du Isis? Ça remet les idées en place, ça décrasse et ça fait réfléchir.

9. Avec une bière foncée telle que la St-Ambroise noire, la Guiness, la Vache Folle ou la Macroken Flower (soirée passée à jaser avec un ami, à écouter de la musique le volume au maximum ou à feuilleter une revue par une rude soirée d'hiver):

Le moment parfait pour écouter du Dany Placard, du Tv on The Radio, du Buck 65, du the Black Keys, du Chuck E. Weiss, du Clutch, du D. Shadow, du Ily Morgane ou du Marvin Pontiac.

10. Je ne bois pas de café, car ça favorise un peu trop ma digestion. J'ai toutefois de la difficulté à refuser un café alcoolisé après un bon et gras repas.

À ce moment, je rafolle de George Brassens, de Nick Cave, de Neil Young, de Tom Waits (derniers albums) ou de Medeski Martin Wood.

11. Dans toute gang, y'a toujours un crinqué qui se plaît à payer des tournées de shooter pas buvables.

Pour me déconcentrer au point où je ne goûte plus rien, il faut que la musique soit forte et que des chansons de Michael Jackson, de Marvin Gaye, de Jamiroquai, de James Brown ou de Jacques Brel s'emparent de moi avant que je ne dégueule ou que je me sauve.

12. Finalement, si je bois une rousse, une cuivrée ou une bière fruitée:

J'ai envie de musique sexy et puissante: A Perfect Circle, Arcade Fire, Animal Collective ou The Flaming Lips.

Mes bières préférées: la McKracken Flower (bière foncée extre forte qui se rapproche du porto), la Belle Gueule originale, la Raftman (bière à base de Wihsky), la Cheval Blanc, la Pale Ale au cassis de la Barberie est une de mes bières fruitées préférées, la Boddington ale m'a toujours fait tripper, la St-Ambroise noire, Corne de Brume (Iles-de-la-Madelaine), la Trois-Pistoles, la St-Arnoldus Triple, la Gavroche, la Belge de Schoune et la Fin du Monde lorsque je me sens d'attaque.

Tout ça pour dire que je n'ai jamais bu de porto en écoutant du Nirvana et que, je dois l'admettre, il faut être assez riche et occidental pour passer deux heures à penser à ce sujet...

dimanche, septembre 24, 2006

Musique automnale

Journée pluvieuse, dimanche maussade, température idéale pour faire du bruit en mangeant une bonne soupe chaude et ambiance parfaite pour écouter les deux albums que je me suis procuré en fin de semaine : les nouveaux disques de The Black Keys et de Old Crow Medicine Show.

OLD CROW MEDICINE SHOW

Ils sont 5, ils sont blancs, ils sont jeunes, ils sont établis à Nashville et ils sont maîtres dans l'art de conjuguer les fondements de la musique folk et bluegrass à l'énergie du rock n' roll et du punk. C'est très près de la musique traditionnelle américaine, du folk et du country, mais c'est tout de même très moderne.

Je les ai découverts l'année dernière grâce à un album éponyme que j'ai usé à la corde. Leur plus récent opus, Big Iron World, respecte le son et la recette du groupe tout en explorant des sonorités old-swing et blues. On apprécie toujours l'humour qui s'évade de leur musique, on tape du pied instinctivement et on sourit à l'écoute de l'originalité de leurs harmonies vocales.

L'album s'ouvre sur Down Home Girl, une complainte folk empreinte d'harmonica qui n'est pas sans rappeler Bob Dylan, certainement une influence majeure pour le groupe. La pièce suivante, Cocaine Habit, ressemble à un pot-pourri de l'album précédent. Pour l'instant, mon coup de coeur va à New Virgin Creeper en raison du refrain digne des belles années musicales de l'après Deuxième Guerre. Le banjo, le violon, la guitare, la contrebasse et la guitjo sont toujours aussi fusionnelles et c'est nul autre que Gilian Welch qui frappe les mesures sur certaines pièces de l'album. Seule petite ombre au tableau: je trouve que Ketch Secor abuse d'harmonica au détriment du violon.

Pour ceux qui aiment la musique folk, le bluegrass, la musique traditionnelle américaine, le dernier Bruce Springsteen (à découvrir, je vous le dis, car je n'aurais jamais pensé qu'un jour j'allais aimer la musique du Boss), Bob Dylan, le vieux Andrew Bird, Neil Young, Kingston Trio, Don Stover et l'énergie de groupes tels que The Clash ou The Pogues, Old Crow Medicine Show est un groupe à découvrir et à écouter entre amis lorsque la bière coule à flot ou seul à la maison lorsque, comme aujourd'hui, la température est poche et qu'on veut garder le moral.

THE BLACK KEYS

À l'instar des White Stripes, The Black Keys utilise également la formule du duo guitare-batterie, mais de façon plus "virile", plus grave, plus drue et souvent plus efficace... Leur musique s'aparente également aux univers de Led Zep et de Hendrix, mais en flirtant avec des bluesman tels que R.L. Burnside, Junior Kimbrough, Olivier Langevin et Jon Spencer et des accents soul, funk et même stoner, ce qui s'approche alors de la pesanteur de Clutch et de Black Sabbath...

La guitare est bien grasse, la batterie est secouée de façon plus convaincante que Meg White tout en demeurant subtile et la voix de Auerbach possède déjà l'assurance des chaudes voix blues telles qu'on les aime. Même si tous leurs albums sont d'une qualité indéniable, je crois que celui-ci se démarque du lot par ses pièces convaincantes et extrêmement bien travaillées. À écouter en faisant de la route ou en voulant faire la vaisselle rapidement...

Je suis toujours en train d'essayer de trouver les mots pour décrire le dernier Tv On the Radio...génial!

Maintenant que j'ai chaud, je peux retourner corder mon bois de chauffage sous la pluie!

mardi, septembre 05, 2006

Ramblin' Jack Elliott: du folk à son meilleur

C'est peut-être dû à l'âge, au fait de vivre en région ou à l'abus de certains styles musicaux, mais ma passion pour le folk ne semble pas vouloir s'amenuiser, au contraire, des tentacules blues, country et traditionnelles commencent même à faire surface.


Samedi dernier, je me suis procuré quelques albums: le dernier de Vincent Vallières, le dernier de Dylan, le dernier de M. Ward, Melody Nelson de Gainsbourg, Favourite Colour de The Sadies et I Stand Alone de Ramblin' Jack Elliott, un vieux chanteur que je ne connaissais que de nom.


Coup de coeur fatal: j'adore. J'ai donc du retard à rattraper, car il a 75 ans bien sonnés...


Pour vous donner une idée de folk auquel je carbure depuis un certain temps, voici une petite liste des artistes qui m'ont fait ramper à plat ventre dans l'univers infini de cette musique qui nous suit depuis très longtemps: Johnny Cash, Tom Waits, Mark Lanagan, Old Crow Medecine Show, Missipi John Hurt, Andrew Bird, Calexico, Iron and Wine, Robert Johnson, Howie Gelb, Virgil Shaw et plusieurs autres, en passant par Beck, Dany Placard et Marvin Pontiac.


Tout comme Johnny Cash, Loretta Lynn, Hank Williams III, R.L Burnside ou Tom Waits, Ramblin' Jack Elliott provient de la vieille école du folk-country, mais il sait s'entourer de musiciens issus de la nouvelle génération, ce qui me rassure en tant que néophyte amateur de ce genre de "zi-zique".


Sur I Stand Alone, il est entouré de Flea (RHCP), de David Hidalgo (Tom Waits, T-Bone Burnett, Crowded House), DJ Bonebrake (X, The Knitters), Nels Cline (Wilco), Lucinda Williams, Corin Tucker (Sleater-Kinney), etc. Quel les puristes soient rassurés, ces musiciens se calquent à merveille au vieux folk de Monsieur Elliott. La preuve, je n'aurais jamais pu reconnaître la présence de Flea.


À quoi ça ressemble? C'est du vrai folk qui penche parfois vers le country, parfois vers le blues, mais en insistant sur le côté acoustique, sur les paroles et sur l'efficacité: l'album compte une quinzaine de chansons réparties sur un peu plus de 30 minutes.


La voix du cowboy n'est pas parfaite, et c'est tant mieux, car ça rend ses chansons encore plus sympathiques. Par moment, on peut penser à Tom Waits au temps des albums Early Years et Closing Time ou à Bob Dylan lorsqu'il chante moins du nez, mais on peut également associer la voix de Ramblin' Jack Elliott à J. Mascis lorsqu'il tente d'aller haut, à Ramsey Midwood ou à Missisipi John Hurt. Bref, il s'agit d'une voix accessible sur laquelle il est difficile d'attribuer un âge tellement elle est empreinte d'émotion.


En dehors de sa voix, on peut dire de lui qu'il a un excellent jeu de guitare, que ses paroles ont souvent un ton humoristique et qu'il a été une influence majeure pour Bob Dylan.


Les pièces qui figurent sur son plus récent album proviennent du terroir traditionnel américain, de Leadbelly, de Butch Hawes et de plusieurs autres auteurs compositeurs plus ou moins connus. Je vous suggère, pour ceux qui aimeraient écouter deux ou trois extraits, de jeter une oreille attentives aux pièces suivantes: Arthritis Blues, My Old Dog and Me ou Call Me a Dog. Grâce à elles, I Stand Alone figurera sûrement en bonne position dans mes albums préférés de l'année.

En passant, Ramblin' veut dire "décousu ou parler pour ne rien dire". Un "chouenneux" comme on dit par chez nous...