lundi, août 14, 2006

PEEPING TOM (10 août 2006)

Passons aux aveux: je suis un fan fini de Mike Patton, et ce, depuis que, à 15 ans, j'ai acheté mon tout premier disque compact: The Real Thing de Faith No More. Outre quelques albums que je juge un peu trop expérimentaux (Maldoror et albums solos), j'aime presque tous les projets que Mike Patton a initiés ou auxquels il a participé: de Faith No More à Mr Bungle en passant par Tomahawck, Lovage, General Patton and The Executionners et, récemment Peeping Tom, son projet le plus pop et le plus accessible depuis Lovage.

Ce projet, il le prépare depuis très longtemps. D'ailleurs, dans la merveilleuse pochette du disque, il s'exprime ainsi:


I would like to send extra special goodness to all the musicians, producers and firends who helped bring this music to life. Making this record was an exercise in constipation and you were my ex-lax...


Mike Patton avait donc besoin d'extérioriser son côté sucré. Pour ceux et celles qui suivent la boulimique carrière de ce workaholic depuis longtemps, l'amour qu'il éprouve pour la musique pop n'a jamais été cachée: reprises de Lionel Ritchie et des Bee Gees au sein de Faith No More; participation à divers hommages: Serge Gainsbourg, Marc Bolan et Burt Baccharach; projets avec The Sparks, Dan the Automator, Bjork, etc. Même s'il s'amuse aussi à jongler avec des univers plus heavy (Fantomas, Dillinger Escape Plan et Tomahawck), il ne se limite pas à un seul style, et ceux qui le connaissent le savent: rap, crooner, funky, electronica, rock, jazz, trip-hop, death; rien ne semble être hors de portée pour ce chanteur caméléon.


L'album:


Oui, il s'agit d'un album "populaire", mais on parle ici d'une pop de qualité qui marie habilement des structures trip-hop ou hip-hop à des segments rock et crooner. Les invités proviennet eux-mêmes d'univers pop, électro ou rap: Rhazel, Amon Tobin, Kid Koala, Norah Jones, Bebel Gilberto, Dan the Automator, Massive Attack, etc. Ne vous attendez toutefois pas à entendre des chansons de Peeping Tom dans les décomptes du réseau Énergie, car les pièces ne sont pas nécessairement faciles d'approche, et c'est ce qui fait le génie de Mike Patton: nous transporter dans une direction, nous bercer doucement et, au moment où on croit que tout est fixe, nous balancer une montée vocale que lui seul est capable de faire avec un aussi large éventail de styles. À cet égard, certaines chansons de Peeping Tom ne sont pas si loin de ce qu'il faisait à l'époque de Faith No More (Stripsearch, Evidence, etc.), de Mr Bungle (Sweet Charity, Pink Cigaret, Vanity Fair, etc.) de Tomahawck (Capt Midnight, Harelip) et de Lovage. Il suffit de quelques écoutes pour tomber sous le charme de quelques chansons, mais l'entité de l'album ne s'apprécie qu'après quelques écoutes.


Le spectacle:


Le Théâtre National n'était pas rempli à pleine capacité pour la venue de Peeping Tom et ses invités: Dub Trio et Dj Relm. Mike Patton voulait peut-être venir à Montréal en tête d'affiche et non avec The Gnarls Barkley, la formation avec qui Peeping Tom partage normalement la scène. Il avait fait la même chose avec Fantomas lorsqu'il s'était produit au Métropolis au lieu d'assurer la première partie de Tool comme il le faisait pour le reste de la tournée.


Aux alentours de 21h, la formation Dub Trio est montée sur les planches pendant environ 40 minutes. D'entrée de jeu, nous avons tout de suite pu réaliser à quel point les musiciens maîtrisaient bien leurs instruments. Si la foule n'était pas complètement attentive, elle a tout de même semblé réceptive à la musique dub quelque peu progressive de ce trio formé de deux Canadiens. Personnellement, je ne suis pas un très grand amateur de dub. Je préféraient le côté trio au côté dub de Dub Trio... J'appréciaient surtout les moments pendant lesquels ils ajoutaient des touches progressives et metal à leurs compositions, ça me faisait alors penser à certains passages de Dillinger Escape Plan et Estradasphere. On peut dire qu'ils ont donné une performance très professionnelle sans réussir toutefois à faire lever complètement la foule.


Vers 22h, nous étions tous prêts à recevoir la troupe de Peeping Tom, mais il aura fallu pateienter encore un peu, car une deuxième première partie était chargée de préparer le terrain. Encore une fois, tout comme Dub Trio, il s'agissait d'un musicien qui fait partie de la formation de Peeping Tom: le DJ Mike Relm. Ce jeune "turntablist" a réussi à réchauffer la foule à l'aide de rytmes, de scratches et de mixtes pendant lesquels s'entremêlaient des pièces des White Stripes, de Rage Against The Machine, de Michael Jackson, de Gwen Stefeni, etc. Mike Relm a donc réussi à faire monter la température de quelques degrés avant de faire place à Peeping Tom.


L'attente fut interminable entre la prestation du DJ et l'arrivée du groupe principal. C'est aux alentours de 23h que Mike Patton et ses acolytes ont pris d'assaut les planches du National sous les applaudissements nourris de la foule qui s'était aglutinée sur le bord de la scène. Ils ont amorcé leur prestation avec une excellente reprise de Marvin Gaye (Desesperate Situation). Immédiatement après, ce fut le tour de Mojo, leur premier extrait. À partir de ce moment, et jusqu'à la fin du spectacle, la foule semblait conquise.


Peeping Tom est, bien entendu, mené de main de maître par Mike Patton. Ce dernier n'a rien perdu de sa voix et son registre vocal est toujours aussi étendu. Contrairement à Fantomas, Mr Bungle et Tomahawck, ce projet lui permet de se concentrer complètement sur chant, un peu comme lorsqu'il évoluait au sein de FNM. Il a donc l'espace et le temps nécessaire pour gesticuler, sauter et assurer un contact de tout instant avec son public.


À sa droite, la séduisante et efficace Imani Copolla unit sa voix à celle de Mike Patton en plus de jouer du violon à quelques occasions. Elle possède une des plus belles voix féminines que j'ai eu la chance d'entendre. Je ne serais d'ailleurs pas surpris qu'on finisse par la voir faire carrière solo, car elle a le talent et le look pour réussi (décolleté à l'appui). Sa voix se mariait à merveille à celle de Mike Patton; autant sinon plus que celle de Jennyfer Charles, la chanteuse de Lovage et de Elysian Fields. De plus, elle ne semblait pas éprouver de difficultés à suivre son acolyle lorsque celui-ci se payait des envolées vocales très saccadées (Five Seconds).


Mike Patton pouvait également compter sur la présence vocale et rythmique de Rhazel, le beatbox humain. Imposant et à la fois très calme, cet ancien membre du légendaire groupe The Roots, a également réussi à attirer l'attention de plusieurs personnes; surtout lorsqu'il nous a envoyé un solo du tonnerre. C'était difficile de croire que tous ces sons provenaient d'un seul homme. Par moment, il s'avérait difficile de savoir si ce que nous entendions provenait de Rhazel, du DJ ou du batteur.


Derrière ce trio vocal très efficace se démenaient les membres de Dub Trio, qui agissaient un peu comme le House Band du groupe, ainsi que Mike Relm, le DJ. En avant de la scène, un homme masqué d'une cagoule pianottait sur ses claviers/orgues de façon très subtile.


En tout, ils étaient donc 8 musiciens sur la scène. Il s'avérait donc difficile de tout voir, mais c'était très bien ainsi, car la cohésion était excellente, tout comme le son d'ailleurs. En un peu plus de 75 minutes, Peeping Tom nous a présenté toutes les chansons de son premier album. Nous avons eu droit à un Mike Patton en forme, toujours aussi sûr de lui, toujours un peu arrogant et pince sans rire et toujours aussi agréable à entendre et à regarder. Nous avons même eu droit à un rappel pendant lequel ils nous ont interprété Anger Management de Lovage, un vrai délice, une chanson qui fait frisonner et qui nous laisse sur une bonne note.


Seule petite déception: étant donné que Kid Koala et Amon Tobin, qui ont tout deux participé à l'album, résident régulièrement à Montréal, nous espérions qu'ils allaient se joindre à l'équipe de Patton, mais ce ne fut pas le cas.


Malgré tout, ce fut un excellent spectacle et Peeping Tom nous a prouvé qu'il était possible de faire une musique pop de qualité.

1 Comments:

Blogger Unknown said...

J'adore également Mike Patton (comme tu pourras le noter sur mon blog) et PEEPING TOM demeure un projet intéressant, même si je préfère FANTOMAS ou encore TOMAHAWK!

SysTooL

(http://systool.over-blog.com)

6:06 a.m.  

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