lundi, août 14, 2006

Entrevue avec Mononc' Serge

Après avoir lu l'article que j'avais récemment écrit à son sujet, Mononc' Serge m'a accordé une entrevue écrite à laquelle il a répondu avec générosité et rapidité. Malheureusement, comme c'est le cas pour la plupart des entrevues que nous lisons dans les journaux et revues, je ne peux pas faire semblant que c'est dans un café underground de Montréal que j'ai rencontré Serge Robert... Mais ça faisait longtemps que je voulais lui poser ces questions. Alors voilà!

Kolonel:
Tu sembles être un vrai fan de métal. À quelques reprises, je t'ai entendu parler de VoiVod, problement LE groupe de métal québécois (pour présenter ta nouvelle toune et dans la chanson sur Sébastien Benoît). Avec les changements de personnel qui s'effectuent présentement au sein de la formation suite au décès de Piggy et de la nouvelle carrière TV de Jason Newsted, qu'aurais-tu pensé d'occuper le poste de bassiste au sein de ce band légendaire? On sait que c'est à Vince Peake que semble revenir le poste, mais toi, aurais-tu aimé vivre l'expérience? Crois-tu que tu aurais été en mesure de le faire?

Mononc':
Je n’ai pas l’intention de mener d’autres projets que ma carrière solo qui est déjà très prenante. Et de toute façon, je ne serais pas un bassiste adéquat pour Voïvod. Je serais tout juste bon pour jouer dans Hommage à Dobacaracol, et encore.

Kolonel:
En enseignement, on entend souvent les profs dire: "Moi, je vieillis, mais mes élèves ont toujours le même âge." C'est un peu la même chose concernant ta relation avec tes fans. Est-ce que l'écart d'âge commence à se faire sentir?

Mononc':
À mes débuts, les gens qui s'intéressaient à ma musique étaient les jeunes adultes, disons les étudiants. C’est encore le cas aujourd’hui, mais mon projet avec Anonymus m’a valu d’être populaire également auprès des ados du secondaire. Au risque de passer pour un vieux pervers, je ne vois pas ça comme un problème.

Kolonel:
Toujours en lien avec ton public, trouves-tu difficile de voir que certains jeunes ne comprennent pas le deuxième degré de tes chansons? Crois-tu être pris dans un cercle viscieux qui fait en sorte que tu devras toujours "déranger" de la sorte?

Mononc':
C'est clair qu'il y a une partie du public qui ne vient que pour le côté salace, vulgaire, provocateur de mes chansons. Mais je suis convaincu que la majorité est sensible au contenu, à la qualité de l'écriture, au véritable travail qu'il y a derrière tout ça, et ce même si l'ambiance lors des shows est plus propice au slam qu'à l'écoute. Peut-être vais-je un jour monter un projet sous un autre nom pour jouer des choses plus fines. C'est difficile de faire passer du matériel comme Rien ou Bacaisse à travers des bulldozers comme Noël est un jour comme les autres ou Destruction. Ceci dit, j'aime faire mes shows tonitruants, et je pense que je le fais bien. Je ne sais pas si j'excellerais de la même façon dans un registre mois trash.

Kolonel:
Tu as maintenant 36 ans. J'imagine que ça prend énormément d'énergie pour gérer tous les détails de ta carrière et pour faire des spectacles aussi intenses. Lorsque tu songes à l'avenir, est-ce que tu t'imagines encore longtemps faire carrière avec Mononc' Serge? Feras-tu comme Jean Leloup: tuer ton personnage pour revenir à toi-même (en prenant pour acquis qu'il y a une différence entre les deux)? Que fera Serge Robert dans 20 ans?

Mononc':
Je ne sais pas ce que je ferai dans 2 ans, alors dans 20 ans… Au fait, on s’en crisse un peu, mais j'ai 35 et non 36.

Kolonel:
Est-ce que le style et le propos de la chanson Rien, qui figure sur ton dernier opus, serait une avenue possible pour ton avenir en musique?

Mononc:
J’aimerais produire un CD plus sérieux, mais rien n’est encore fait. C’est une des avenues que j’envisage pour le prochain disque.

Kolonel:
D'où proviennent David Velentine et Peter Paul, tes deux nouveaux musiciens? Comment les as-tu choisis? Pour quelles raisons? Est-ce que, à eux deux, ils coûtaient moins cher qu'Olivier Langevin?

Mononc':
Peter Paul remplaçait à l’occasion Olivier Langevin au sein de mon trio. Je l’ai engagé sur une base régulière depuis que j’ai remonté un groupe l’an passé. Peter Paul a son propre groupe, Peter Paul et son groupe de rock (http://peterpaulrock.com). C’est David Valentine qui y joue de la basse. J’ai rencontré David grâce à Peter Paul. Ils viennent tous les deux de St-Félicien. À eux deux, ils me coûtent plus cher qu’Olivier Langevin, mais probablement moins que Michel Cusson.

Kolonel:
Lors de ton spectacle à Tadoussac, tu faisais semblant, j'imagine, que tu allais bientôt arrêter la musique pour faire carrière dans l'industrie du cinéma. Est-ce que c'est un scénario envisageable (à noter que le mot scénario n'a pas été choisi pour faire un jeu de mot minable)? Si oui, que voudrais-tu faire?

Mononc':
Pas de carrière au cinéma.

Kolonel:
Je ne veux pas qu'on entre dans ta vie privée, mais je me suis toujours demandé comment tu te sentais lorsque tu rencontrais des nouvelles personnes qui ne connaissaient pas ton univers musical (surtout langagier). Je te donne un exemple:
Tu as une nouvelle copine. Elle connaît ce que tu fais et elle aime bien ça, sauf qu'elle sait très bien que sa vieille mère ferait une crise cardiaque si elle entendait la chanson Fourrer, par exemple. À Noël, tufais connaissance avec elle et avec le reste de la famille. Autour d'un bon pain sandwich typiquement saguenayéen, la question qui tue fait surface: "Toi, Serge, ma fille m'a dit que tu faisais de la musique. Il paraît que t'as un orchestre. J'aimerais bien entendre un de tes microsillons, car moi aussi je chante, dans une chorale". Que fais-tu? Est-ce que tu sors un disque que tu lui fait écouter sur le champ? Est-ce que tu essaies de lui vendre un t-shirt? As-tu une compilation de tes chansons les moins dérangeantes que tu donnes à ce moment-là?

Mononc':
Les gens sont polis. S’ils trouvent ce que je fais déplacé, ils ne m’en font pas part. Faut dire que je connais un certain succès, j’imagine que ça aide à faire accepter mes excès langagiers. De toute façon, je pense que ces excès langagiers ne dérangent pas grand monde (c’est d’ailleurs le thème de ma chanson Tout le monde se crisse de Mononc’ Serge, qui n’est pas encore endisquée).

Kolonel:
Dans un tout autre odre d'idée, pour connaître un peu tes goûts musicaux, quels artistes ou groupes inviterais-tu (morts ou vivants) si tu pouvais en réunir 5 lors d'un festival?

Mononc':
J’aimerais avoir, de préférence morts que vivants : Jacques Villeneuve, Mario Pelchat et Boom Desjardins. Et un peu de granole-festif avec ça, disons la Tchango Family et Tryo.

Kolonel:
Est-ce trop indiscret de te demander combien de disques (tout album confondu) tu as vendus jusqu'à présent?

Mononc':
Environ 45 000.

Kolonel:
De toutes les chansons que tu as écrites, est-ce qu'il y en a une que tu regrettes? Parallèlement, est-ce que tu t'es déjà auto-censuré? Si oui, c'était à quel sujet?

Mononc:
Sans carrément la regretter, j’ai des réserves au sujet de ma chanson « Les grosses torches acadiennes ». Je la trouve réussie, mais je trouve cruel de se moquer des grosses. Être toutoune doit être déjà difficile sans qu’on en rajoute. Ceci dit, l’obésité et la méchanceté vis-à-vis l’obésité sont des thèmes que j’ai souvent abordés dans des morceaux qui ne sont jamais sortis sur CD (sans parler de ceux qui ont été publiés). Par exemple, j’ai écrit en 98 une chanson qui s’appelait « Lipide pub » dans laquelle je me moquais des obèses qui font des annonces de resto ou de bouffe. Je l’ai chantée quelques fois en show, dont une fois dans un petit bar à Granby. Après le show, j’avais dû me taper une discussion avec une grosse en pleurs qui me disait que c’était bien de rire des gros, fallait balayer les tabous, etc. Elle était entrée dans la salle pendant la chanson, la porte d’entrée était à côté de la scène, faut croire que ça l’a secouée. Ce n’est pas ma seule toune inédite qui parle des gros. Ça m’obsède. Quand j’étais enfant, j’étais un peu gras, et j’avais des amis franchement obèse, j’imagine que c’est pourquoi je suis fasciné par cette question.

Fin de l'entrevue.
Merci Mononc'!

1 Comments:

Blogger iza232 said...

Je vient de découvrir cette belle entrevue! Merci!

Longue vie à Mononc, Fred Fortin et tous ses amis1

une fan!

9:39 p.m.  

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